Au Yémen, le président Ali Abdallah Saleh s'est exprimé, avant-hier, à la télévision. Un discours prononcé à l'occasion de l'anniversaire de la révolution de 1962. Pas question de démission, pas d'initiative concrète pour enrayer la violence dans la capitale yéménite, pas une allusion aux manifestants anti-régime mobilisés depuis six mois. Ali Abdallah Saleh a fait dans le classique. Un discours lisse et flou, un discours sans grandes annonces. S'il a confirmé son accord pour la signature du plan de coopération du Golfe, via son vice-président, il n'a pas précisé de date pour le paraphe. Ainsi quelques secondes après la fin de son discours, une figure de l'opposition accuse Saleh de vouloir, encore une fois gagner du temps afin de se maintenir au pouvoir. Pendant ses quinze minutes de discours, le chef de l'Etat yéménite incrimine, interpelle puis enfin invite au dialogue ses opposants. Des opposants qu'il ne nomme pas une fois. Pourtant au Yémen, on comprend vite à qui s'adresse le leader : la famille Ahmar, à la tête du principal parti d'opposition et son allié des derniers mois Ali Mohsen, un général qui a fait défection au président au printemps dernier. Les forces fidèles au président ont dispersé une manifestation, avant-hier, et fait un mort dans la capitale, Sanaa. L'opposition et les jeunes refusent le discours de Saleh L'opposition yéménite a accusé le président Ali Abdallah Saleh, qui s'est dit prêt à des élections anticipées, de chercher à se dérober à un transfert de pouvoir tandis que des dizaines de milliers de personnes manifestaient contre lui, hier, à Sanaa. Après ce discours du président, il n'y a plus aucun moyen de parvenir à une solution politique et la révolution va s'intensifier, a déclaré Mohammad Qahtan, porte-parole de la Rencontre commune qui regroupe les partis de l'opposition parlementaire. Saleh a montré dans son discours qu'il était toujours accroché au pouvoir, et qu'il refusait l'initiative des pays arabes du Golfe prévoyant un transfert du pouvoir, a-t-il ajouté. Or l'initiative des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG, dont le chef de file est l'Arabie saoudite) prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission de M. Saleh en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches. Pour sa part, Walid al-Aamari, un des dirigeants des Jeunes de la révolution qui animent la contestation populaire, a affirmé que les jeunes n'acceptent pas l'offre du président et qu'ils poursuivront leur mouvement de protestation jusqu'à la réalisation de leurs objectifs. Deux manifestations séparées, l'une regroupant des hommes et l'autre des femmes, ont défilé, hier, à Sanaa, scandant à l'adresse de M. Saleh: Boucher, nous ne baisserons pas les bras. Les deux manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, se sont déroulées sans incident, les manifestants demeurant dans le secteur contrôlé par les unités de l'armée ralliées à la contestation. Dix-huit personnes avaient été blessées, avant-hier, par des tirs des forces fidèles à M. Saleh sur une manifestation similaire et un jeune homme est en état de mort clinique.