Les révoltes arabes seront dès aujourd'hui, au centre d'un colloque de quatre jours qui se déroulera à la Bibliothèque nationale du Hamma à la faveur du 16ème salon international du livre d'Alger, (SILA), ouvert depuis mercredi dernier. "Le monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions ?" est le grand thème de ce rendez-vous qui revêt non seulement un caractère culturel, mais aussi politique. D'une vive actualité, les révoltes arabes qui sont en train de bouleverser de fond en comble les jeux des pouvoirs dans le monde, seront donc longuement disséquées lors de cette rencontre, longue et délicate. Si les organisateurs ont décidé de ne pas faire l'impasse sur ce sujet qui nous intéresse au plus haut point du fait de la situation géographique de l'Algérie et de sa langue, c'est que beaucoup veulent comprendre pour mieux s'armer contre d'éventuel troubles. En tout cas, selon Abdelkader Berdja, attaché de presse de ce colloque, "ce rendez-vous permettra de recueillir les analyses des académiciens et experts étrangers sur les évènements que connaît le monde arabe ". Selon toujours Berdja, la démarche méthodologique arrêtée pour ce colloque "consiste non pas à présenter le point de vue des experts et académiciens sur la question mais, plutôt à recueillir les analyses des académiciens et experts étrangers, dont l'activité porte principalement sur l'étude des phénomènes spécifiques au monde arabe". Abdelkader Berdja a soutenu que ce colloque se caractérisait par une innovation "majeure" dans la vie de l'Université algérienne, ajoutant qu'il était le résultat d'efforts déployés, en commun, par le Commissariat du SILA et l'Ecole nationale supérieure des Sciences politiques. L'idée de consacrer un colloque scientifique sur une problématique centrale de l'actualité, a été selon toujours l'attaché de presse, approuvée à 100% lors de nombreuses réunions antérieures au Salon international du livre d'Alger, et tout le monde était d'accord sur le fait que la tenue de ce rendez- vous était "si ce projet prenait corps, le meilleur service à rendre à l'Université et au monde de la culture, en général". Il a affirmé, par ailleurs, que "C'est délibérément que l'expertise anglo-saxonne et les témoignages directs d'experts arabes ont été privilégiés" dans ce colloque. Berdja a toutefois souligné que "l'expertise algérienne n'a pas été en reste", relevant, à ce titre, qu'outre la tâche de supervision académique confiée au Conseil scientifique, les présidents de séances du colloque ont été confiées à des académiciens et experts algériens avec pour mission de recueillir le maximum de données et d'analyses auprès des conférenciers étrangers. Il a justifié le recours du Conseil scientifique du colloque à l'expertise anglo-saxonne par le fait que les chercheurs et académiciens relevant de cette sphère ont "plus" de recul par rapport aux événements que traversent les pays arabes ainsi qu'à leur connaissance du monde arabe. "La puissance des idées penche, plutôt, du côté anglo-saxon", a-t-il dit à ce propos. Berdja a indiqué, dans le même ordre d'idées, que ce colloque n'avait aucune connotation politique et qu'il revêtait un caractère académique et universitaire. De son côté, le professeur en Sciences politiques, Rachid Tlemçani, a expliqué que si le colloque revêt un caractère non politique, cela n'en évacue pas pour autant les questions politiques. Cela veut dire, a-t-il précisé, que ce colloque "ne sera pas instrumentalisé par un groupe ou un parti politique". C'est ce qui l'a amené à dire que ce colloque permettra de "comprendre les enjeux des événements qui secouent le monde arabe". Les enjeux actuels, selon lui, détermineront l'avenir du monde arabe, précisant que ce dernier pourrait être "soit un acteur en tant qu'entité ayant son mot à dire dans la consécration de la paix dans le monde, soit un enjeu par rapport au pétrole". Lors des débats, la sociologue Fatima Oussedik a estimé que ce colloque "Gagnerait à construire des points de vue responsables" sur les événements qui secouent le monde arabe. Le colloque permettra également, a-t-elle estimé, d'écouter d'une "manière critique" les analyses d'experts étrangers sur les révoltes arabes. "Il faut faire montre de vigilance épistémologique", a-t-elle recommandé. Ce rendez-vous qui se présente comme académique semble aussi et certainement comme une tribune qui permettrait aux chercheurs de s'exprimer sur un bouleversement qui risquerait d'atteindre toute l'Afrique du nord.