Le groupe automobile italien Fiat, plus grande entreprise privée de la péninsule, a annoncé, hier, sa décision de quitter l'organisation patronale Confindustria à partir du 1er janvier 2012, en raison de l'incertitude des règles sociales dans le pays. Cette décision, annoncée par le patron de Fiat, Sergio Marchionne, dans un courrier à la Confindustria publié, hier, par le groupe, concerne Fiat, qui regroupe les activités automobiles, et Fiat Industrial (camions, bus, engins agricoles et de construction), nouvelle société créée dans le cadre de la scission du groupe en début d'année. Les deux entités, qui emploient 82.000 personnes en Italie et environ 190.000 au total dans le monde, quitteront l'organisation le 1er janvier 2012. Depuis l'alliance de Fiat avec l'américain Chrysler, M. Marchionne prône une réforme en profondeur du mode de négociation des contrats de travail afin qu'ils soient plus flexibles. Le groupe avait donc salué la signature fin juin d'un accord permettant l'adoption de contrats au niveau des entreprises et non des branches ainsi qu'une mesure gouvernementale allant dans le même sens: ce nouveau cadre légitimait les accords déjà signés par Fiat dans certaines de ses usines. Mais, selon M. Marchionne, qui avait averti que Fiat quitterait la Confindustria si les réformes n'allaient pas assez loin, les débats entre les partenaires sociaux sur cette mesure gouvernementale ont fortement redimensionné les attentes sur (son) efficacité et le groupe craint qu'elle ne soit pas réellement appliquée par les partenaires sociaux. Or Fiat, qui s'est engagé dans la construction d'un grand groupe international avec 181 usines dans 30 pays, ne peut se permettre d'opérer en Italie dans un cadre d'incertitude qui l'éloigne des conditions existantes dans l'ensemble du monde industrialisé, a expliqué M. Marchionne. En quittant l'organisation patronale, Fiat sera libre de ne pas appliquer la convention collective de la métallurgie, ce que le groupe fait déjà à Pomigliano (sud), Mirafiori et Grugliasco (nord), où les salariés ont approuvé des accords durcissant les conditions de travail en échange d'investissements, ce qui avait été considéré comme un tournant social dans le pays. Nos rapports avec nos salariés et les organisations syndicales seront gérés sans toucher aucun droit des travailleurs, dans le plein respect des rôles réciproques, comme prévu dans les accords déjà signés à Pomigliano, Mirafiori et Grugliasco, promet M. Marchionne. Pour M. Marchionne, ce type d'accord est indispensable pour que les usines italiennes soient plus productives et arrêtent de perdre de l'argent. Fiat a par ailleurs annoncé qu'il assemblerait à partir de mi-2013 un nouveau 4x4 Jeep et poursuivrait la production de l'Alfa Romeo Mito à Mirafiori, son usine historique de Turin. Le groupe a aussi indiqué qu'il produirait à Pratola Serra (sud) un nouveau moteur Alfa. Mais le groupe, qui avait annoncé initialement qu'il comptait investir plus d'un milliard d'euros à Mirafiori pour y produire à terme 280 000 voitures par an, n'a pas confirmé ces chiffres.