La coopération dans le nucléaire civil entre l'Algérie et les Etats-Unis se précise davantage avec l'arrivée d'une délégation américaine à Alger pour la signature d'un protocole d'accord pour la mise en place des mécanismes de coopération et d'échanges multiformes dans le nucléaire civil. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a souligné, dans une précédente déclaration, que cette coopération avec les Etats-Unis va consister surtout en " des échanges d'experts des différents laboratoires spécialisés de recherche américains qui vont travailler avec leurs collègues algériens dans des domaines précis, où l'Algérie a besoin d'expertise pour améliorer nos connaissances et bénéficier d'un transfert de technologie ". Il sera également question du développement des programmes qui seront dans l'intérêt des deux parties. L'Algérie est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire et, par conséquent, elle s'est engagée dans l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Dans ce cadre, les inspecteurs de l'AIEA viennent très souvent suivre les programmes mis en application par l'Algérie dans ses centres de recherche. Une surveillance de l'AIEA qui répond aux conditions du Traité signé par notre pays. En même temps, l'Algérie a des programmes de coopération avec l'AIEA dans le domaine de l'acquisition d'équipements et de matériaux spécialisés dans ce même domaine et qui doivent être soumis à l'avis des experts de l'AIEA. Pour M. Merzak Remki, directeur de la coopération au commissariat à l'énergie atomique et attaché national de liaison avec l'AIEA, l'accord signé avec les Etats-Unis s'inscrit dans " les dispositions de l'article 4 du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et qui obligent les Etats signataires de faciliter le développement et les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire à travers la coopération technique. Il induit également la formation et le développement des ressources humaines, l'échange d'expertise, la gestion des déchets radioactifs, la radio protection, la sûreté radiologique et nucléaire, la recherche dans la gestion des radios pharmaceutiques à usage médical et l'évaluation et la surveillance de l'environnement ". Cet échange avec les Etats-Unis, dont la technologie nucléaire est très développée, permettra à notre pays de se hisser à un certain niveau. C'est également une occasion pour les chercheurs et experts algériens de parfaire leurs connaissances dans le domaine du nucléaire et de se frotter à des experts dont le niveau de la maîtrise et de la technologie est appréciable. Il s'agit donc pour l'Algérie de diversifier ses relations de coopération. Ce qui fait dire à M. Remki que " nous avons deux partenaires traditionnels avec lesquels nous avons travaillé. Il s'agit de la Chine qui nous a fourni le réacteur nucléaire d'Aïn Oussara et de l'Argentine qui contribue à la réalisation du réacteur nucléaire de Draria ainsi que l'unité de fabrication d'éléments combustibles ". La diversification de la coopération sur le nucléaire civil, annoncée en 2006 par M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, s'est élargie en matière de relation avec d'autres pays, justement avec les Etats-Unis dans le cadre de la signature d'un accord et la poursuite de la coopération avec d'autres pays (Afrique du Sud, la Russie etc.). Il ressort des propos de M. Remki que les applications de l'énergie nucléaire sont diverses, particulièrement dans le domaine de la santé, des ressources en eau. Il permet, selon la même source, de compléter toutes les informations concernant les nappes phréatiques. Il notera que le nucléaire a fait ses preuves dans le secteur de l'agriculture. " Avec la maîtrise et la disponibilité des installations nucléaires que nous gérons et que nous exploitons, et les degrés atteints par nos chercheurs, techniciens et ingénieurs, on peut s'occuper sérieusement de ce transfert des techniques nucléaires dans le domaine socioéconomique conventionnel ", explique-t-il encore. Le directeur de la coopération au commissariat à l'énergie atomique insiste pour dire que les moyens humains et matériels doivent être rentabilisés et optimiser pour " pouvoir aboutir aux résultats qui sont attendus. Nous avons déjà un noyau qui est placé, le programme du ministre de l'Energie et des Mines prévoit à long terme ce développement, et il serait question de prendre en charge les différents programmes à l'avenir ". Création d'une agence nationale de sûreté nucléaire L'Algérie va créer une agence nationale de sûreté nucléaire dans le cadre de son programme d'utilisation pacifique de l'énergie atomique, avait annoncé, dernièrement, M. Chakib Khelil. Cette agence sera instituée par une loi sur le nucléaire qui doit être soumise incessamment au gouvernement. Elle sera chargée de contrôler toutes les activités liées à l'énergie nucléaire, a précisé M. Chakib Khelil. Cette agence sera " puissante et autonome, avec des moyens financiers et en personnel pour assurer une pérennité dans la recherche ". Elle sera également chargée de "contrôler les centres de recherche, l'utilisation des déchets et leur enfouissement et de donner son accord pour l'installation des centrales nucléaires ", a-t-il ajouté. L'Algérie possède deux réacteurs nucléaires expérimentaux aux centres de recherches nucléaires de 3 et 15 mégawats. Le premier appelé Nour, est installé à Draria et a été construit par les Argentins et le second Es Salam a été réalisé par les Chinois à Aïn Oussara. L'Algérie veut utiliser le nucléaire civil pour produire de l'électricité en exploitant ses gisements d'uranium, avait déclaré en novembre 2006, le ministre de l'Energie et des Mines en marge de la conférence internationale sur l'énergie qui s'est tenue à Oran. Il avait indiqué que ce projet sera réalisé " en partenariat avec des groupes étrangers ". Il faut dire que l'Algérie commence à se frayer un chemin dans le concert des nations ayant la maîtrise de cette industrie. L'AIEA apprécie, quant à elle, la disponibilité de l'implication de l'Algérie dans les actions anti-proliférations des armes nucléaires. Ainsi, l'agence a accepté d'organiser, à Alger, une réunion régionale sur le dossier de la non-prolifération des armes nucléaires, à la fin de l'année 2006.