L'avant-projet de loi sur le nucléaire sera soumis au conseil de gouvernement "très prochainement", a indiqué, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, avant d'ajouter que ses services ont achevé l'élaboration du texte en question qui prévoit, notamment, la création d'une "Agence de sûreté et de sécurité nucléaires". Il affirmera que cette dernière sera "puissante et autonome" et disposera des moyens financiers nécessaires à l'application du programme nucléaire civil. Le ministre précisera, également, que cette agence sera séparée de l'entité chargée de la recherche dans ce domaine, et aura comme mission de fixer les modalités d'obtention des permis de création de centrales nucléaires et d'assurer l'application de la réglementation et des normes en la matière Le ministre a, également, annoncé qu'Alger et Washington signeront le 9 juin prochain "un protocole d'accord dans le domaine de la coopération nucléaire". Cet accord prévoit la mise en place des mécanismes de coopération et d'échanges multiformes à travers, notamment la formule des "laboratoires sœurs". Il permettra aux organismes et centres de recherche algériens opérant dans le secteur nucléaire de quantifier les résultats de mesurer les expériences engrangées et de bénéficier de l'expertise et des avancées technologiques des Etats-Unis, à travers un programme de coopération et des actions de partenariat, a encore précisé le ministre. Ce protocole de type "Sisters Laboratories" permettra une plus grande fluidité entre les structures de recherche des deux pays dans le domaine nucléaire. Il y a lieu de rappeler que le 8 mai dernier le ministre de l'Energie et des Mines a rencontré son homologue américain. C'est à cette occasion qu'il a été décidé de la signature d'un accord d'échange d'experts et d'expertise, ainsi que le développement des programmes communs. Le ministre a indiqué que tout sera fin prêt avec l'arrivée à Alger d'experts du département de l'énergie et les laboratoires spécialisés dans l'énergie nucléaire et qui prendront part à cette cérémonie. "Le programme prévoit une visite au Centre de recherche nucléaire de Aïn Oussara au cours de laquelle experts américains et algériens pourront discuter des programmes de recherche en cours. Il s'agira aussi d'organiser des visites des experts algériens dans les laboratoires spécialisés américains pour, ensuite, discuter des programmes communs qui seront développés ensemble", assure le ministre algérien. Au cours de la cérémonie du 9 juin, il y aura un représentant du département de l'énergie américain qui couvre le secteur du nucléaire aux Etats-Unis d'Amérique. Il signera cet accord conjointement avec son homologue algérien du ministère de l'Energie et des Mines et ce, en présence des experts algériens du Commissariat à l'énergie atomique, des représentants du centre de recherche de Aïn Oussara, de Draria et de l'Institut de hautes études nucléaires d'Alger. M. Chakib Khelil affirmera également que la coopération algéro-américaine dans le domaine nucléaire n'est pas "spéciale", car l'Algérie entend poursuivre sa collaboration en la matière avec ses anciens partenaires et envisage même de l'étendre à d'autres pays. "Nous n'avons pas opté pour les Américains. Nous avons des relations avec d'autres pays. Les Chinois nous ont aidé à mettre en place le centre de recherche nucléaire de Aïn Oussara, les Argentins nous ont aidé à mettre en place le centre de recherche de Draria". Il ajoutera que "lors de la dernière visite du ministre russe de la Coopération à Alger, nous avons inclus une clause concernant une coopération dans le domaine nucléaire avec les Russes". Il y a ainsi au moins trois pays avec lesquels l'Algérie a des accords de collaboration. L'ambition, selon toujours M. Chakib Khelil, est de développer la coopération dans ce domaine avec d'autres pays. Il cite en particulier l'Egypte, l'Afrique du Sud et d'autres pays intéressés par une telle coopération. Selon le ministre de l'Energie et des Mines, la coopération avec les Américains consistera en des échanges d'experts des différents laboratoires spécialisés de recherche américains qui vont travailler avec leurs collègues algériens dans des domaines précis, où le besoin d'expertise se fait ressentir, et aussi de spécialité dans ce domaine pour "améliorer nos connaissances ou bien avoir un transfert de technologie. Nous allons également développer avec eux (les Américains) les programmes qui seraient dans l'intérêt des deux parties". Pour rappel, l'Algérie est signataire du Traité de non-prolifération. Elle s'est engagée dans une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. En relation avec cet engagement de l'Algérie, le ministre souligne la fréquence des visites des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui viennent suivre les programmes mis en place dans le centre de recherche de Aïn Oussara. "Nous sommes, à ce titre là, sous la surveillance de l'AIEA, comme tout autre pays qui a signé ce Traité de non-prolifération. Et il y a aussi, les programmes de coopération avec l'AIEA. On ne peut pas acquérir des équipements et des matériaux spécialisés dans ce domaine sans passer par l'AIEA". A cet effet, il indique l'acquisition par l'Algérie d'un équipement spécialisé de radioactivité pour les hôpitaux. Il y a aussi, ajoute-t-il, un autre programme de recherche dans le secteur de l'eau et qui consiste à injecter des traceurs radioactifs qui suivent l'évolution des eaux souterraines sans omettre d'autres programmes dans le domaine de l'agriculture. Le ministre évoquera également le programme de l'électronucléaire. Un programme, dit-il, de planification associé au dessalement de l'eau de mer.