Depuis samedi dernier, le hall supérieur du théâtre de Constantine est merveilleusement bien garni. Un collectif de plasticiennes de différentes régions du pays proposent, leurs toutes dernières créations, suscitant un vif intérêt auprès des amateurs d'art pictural. Cette exposition qui durera jusqu'à demain, ne cesse de drainer des visiteurs venant découvrir la trentaine de toiles nées de l'imagination de sept artistes femmes pleines de talent. Les spécificités de chaque région, naissant des pinceaux de ces artistes disposant d'une riche expérience, sont perceptibles sur les tableaux exposés par ces peintres au féminin qui ont voulu, à travers leur travail, figer leurs états d'âmes du moment en s'attachant à exprimer une appartenance identitaire quasi sacrée et impossible à briser. Née à Blida, Souhila Belbahar, doyenne des femmes artistes algériennes est forte d'un savoir-faire acquis en une quarantaine d'années. Elle propose, entre autres, un tableau de nature morte évoquant un joli bouquet de fleurs associant des jonquilles à des narcisses et à des iris. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce bouquet associant des plantes toxiques, symboles de majesté et de pouvoir, suggèrent, aux yeux de l'artiste, la tolérance et le partage avec l'autre. Nadia Hamrane-Haffaf, une algéroise née à Tizi Ouzou, présente, à travers une de ses figurines aux techniques mixtes sur toile et aux couleurs dominées par l'ocre et le bleu marine, une vue de la vieille Casbah d'Alger, avec des motifs suggérant l'ouverture sur le modernisme et un lendemain prometteur. Une autre artiste de la capitale, Zahia Kaci-Bouchebaba, expose une figure présentant une partie de la Casbah en décrépitude et menaçant de disparaître. A travers ses œuvres, l'artiste insuffle un SOS pour la préservation de ce lieu mythique et chargé d'histoire, des lueurs d'espoir qui incitent à la résistance et au refus d'abandonner les origines d'un passé ancestral fier et glorieux. L'artiste Nadia Cherrak-Ouahioune venue de Tizi Ouzou, propose des tableaux sur toiles acryliques et une céramique puisés dans la culture traditionnelle kabyle et inspirés de la musique locale et des bijoux caractérisant la région. Djahida Houadef, originaire de N'gaous, près de Batna, expose quant à elle, des tableaux aux couleurs vives suggérant l'harmonie de l'âme, la beauté de la création, la complémentarité des formes humaines et le romantisme de la nature. En revanche, la constantinoise Chafika Bendali Hocine-Bouameur, superviseur de cette exposition collective, a mis ses trente années d'expérience au service de l'art. "Mouvement d'ensemble", " Naufrage" et d'autres tableaux aux techniques acryliques exprimant, tour à tour, la symbiose, la vie, la mobilité, l'humeur, la douleur, le chagrin, l'angoisse et la lutte entre le bien et le mal...