Tendant à se libérer de leurs carcans administratifs, assainissant le secteur, se tournant de plus en plus vers une économie libérale débarrassée des népotismes ou clanismes qui frappaient la banque assurance comme les autres secteurs, ces pays vont forcément s'ouvrir davantage à l'assurance. La forte croissance que devraient connaître, particulièrement, le Maroc et la Tunisie aidés financièrement par la communauté internationale dans leur transition démocratique, impactera forcément le montant global des primes. La volonté de rééquilibrage des richesses au profit des régions défavorisées, tant au Maroc qu'en Tunisie, laisse également présager non seulement un développement des travaux et des infrastructures (donc une augmentation exponentielle des polices), mais aussi l'arrivée sur le marché d'une population plus éduquée, sortie de la pauvreté, qui souscrira plus volontiers des contrats. Le terrain est déjà tracé, au moins par les déclarations, depuis plus d'un an. En mars 2010 à Alger, le conseil ministériel maghrébin des finances et de la monnaie insistait sur la coopération dans le domaine de l'assurance et de réassurance dans le cadre de la convention de coopération conclue entre les pays maghrébins depuis 1995 et le rôle du secteur dans le processus d'intégration. En octobre 2010, lors d'une réunion d'experts sur le financement et le développement en Afrique du nord, l'Union pour le Maghreb arabe (UMA) évoquait "la dynamisation des comités maghrébins d'assurances et de réassurances" parmi les cinq recommandations pour "booster l'intégration financière au Maghreb". En mai 2011, le comité maghrébin d'assurances et de réassurances réuni à Rabat, réaffirmait sa volonté de fonder un marché maghrébin d'assurance et de réassurance et y assortissait la création d'une société maghrébine de réassurance pour "renforcer une couverture commune des risques liés aux activités économiques, notamment celles en relation avec les flottes aériennes maritimes des pays membres de l'UMA." Les avertissements de Standard & Poor's restent de toute façon plus que jamais d'actualité : "les assureurs en Algérie, en Tunisie et au Maroc doivent encore témoigner d'une capacité à mettre en place une gestion intégrée des risques. Le besoin en la matière est croissant et leur potentiel de croissance y est lié. Parallèlement, leur capacité à adapter leur offre de produits aux évolutions des besoins du marché et les efforts entrepris en matière de transparence seront également mis à l'épreuve" note l'agence. Le Maghreb devient une terre d'opportunités tant le sous-équipement en matière de couverture assurantielle reste criant. Le Conseil algérien des Assurances estime le taux de pénétration de l'assurance au Maroc à 2,26%, à 1,76% en Tunisie et à 0,73% en Algérie ! En terme de primes moyennes annuelles, les Tunisiens dépensent 73 $ (54 €) par habitant, les Marocains 65 $ (48 €) et les Algériens 30 $ (22€). Les opérateurs mondiaux le savent et commencent à y déployer leurs filiales. Les grandes majors françaises, favorisées par une langue commune, n'hésitent plus à franchir la Méditerranée. Derniers grands débarquements en date : la Macif et Axa en Algérie. Cette dernière annonçait dans econostrum.info en juin 2011 vouloir "obtenir une part de marché de 5 à 10% en Algérie." La diversité des marchés reste également très prononcée. Alors que le Maroc (plus de 50% du marché maghrébin en terme de chiffre d'affaires assurance) se focalise en part égale entre les assurances de personnes (43% de la production totale) et l'assurance automobile (41%), l'Algérie se concentre sur l'assurance automobile (50%) alors que les assurances de personnes n'atteignent qu'une part de 7%. Les relais de croissance de l'assurance toucheront particulièrement l'assurance vie ou l'assurance habitation encore confidentielles au Maghreb. Sans compter l'assurance crédit quasi inexistante dans cette région où elle ne pèse que 0,9% en Tunisie, 0,5% en Algérie et 0,3% au Maroc.