Les rendements sur le marché obligataire européen se sont tendus, avant-hier, avec des investisseurs plus enclins à se positionner sur des actifs risqués dans un environnement économique plus confiant et d'un horizon qui s'éclaircit sur le front de la crise en Europe. Le taux à 10 ans de l'Allemagne progressait à 2,197%, contre 2,104% la veille, et celui de l'OAT française de même échéance à 3,122% contre 2,951% la veille. La séance a été marquée par un nouveau record sur le "spread" (l'écart de taux) entre le Bund allemand et son homologue français l'OAT. Cet écart qui mesure la prime de risque entre ces deux obligations souveraines, a atteint un record à plus de 92 points de base, soit son plus haut niveau depuis l'arrivée de l'euro. Cet écart témoigne du caractère de valeur refuge du Bund alors que l'OAT est un placement plus fragile et moins demandé par les investisseurs malgré la notation "triple A" dont profite la France. "Les prochaines élections présidentielles, l'incapacité pour Paris de relancer la croissance par manque de moyens budgétaires, pèsent sur son obligation d'Etat", a expliqué Laurent Geromini, directeur de la gestion des taux chez Swiss Life Gestion privée. Par ailleurs la dégradation par Standard and Poor's de la note souveraine de l'Espagne, à "AA-", a également pesé sur l'OAT, a-t-il expliqué. De manière générale l'amélioration du climat économique américain (les chiffres sur les ventes de détail sont meilleurs que prévu) et un regain de confiance dans la zone euro grâce aux multiples démarches politiques en cours, ont rassuré les investisseurs qui ont repris le chemin de la Bourse. Automatiquement le marché obligataire a réagi: les prix des obligations ont baissé et les rendements, qui évoluent en sens inverse, sont remontés. Les ventes de détail aux Etats-Unis ont connu en septembre leur progression la plus forte en sept mois, et les efforts se poursuivent en Europe pour juguler la crise et panser les plaies du secteur bancaire. La France et l'Allemagne travaillent en "étroite" collaboration pour apporter des solutions "durables" à la crise financière qui menace la zone euro, ont répété, avant-hier, leurs ministres des Finances François Baroin et Wolfgang Schäuble. Les taux des obligations des pays dits "fragiles" de l'Union monétaire ont évolué en ordre dispersé. Les rendements des obligations italiennes à 10 ans ont légèrement fléchi à 5,781% contre 5,805% après le nouveau vote de confiance accordée au gouvernement Berlusconi. En revanche les taux longs de l'Espagne ont progressé à 5,227% contre 5,188% la veille, après l'abaissement d'un cran de la note de l'Espagne par l'agence Standard et Poor's. Hors zone euro, le Gilt britannique s'est inscrit à 2,605% contre 2,557% la veille. Outre-Atlantique, le rendement du bon du Trésor à 10 ans s'inscrivait à 2,218% contre 2,169% et celui du bon à 30 ans à 3,202% contre 3,117% la veille. Les taux courts étaient à 0,02%. Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, est monté à 1,574% contre 1,572% la veille, tout comme le Libor à trois mois libellé en dollars à 0,404 contre 0,403%.