Les opérateurs du marché monétaire de la zone euro sont moins optimistes que les économistes sur l'issue de la crise financière et ils ne voient pas les prêts interbancaires revenir à leurs niveaux antérieurs avant un an, voire davantage, montre une enquête Reuters publiée lundi. La plupart des 22 opérateurs interrogés estiment que la crise financière durera encore un an au moins, alors que la moitié environ des 70 économistes interrogés la semaine dernière dans un sondage similaire prédisaient qu'elle continuerait encore six à 12 mois. «Les taux euro ont baissé de manière importante. Ces derniers mois, les banques centrales ont abaissé les taux très fortement et des mesures budgétaires devraient aussi avoir un certain impact, cela peut remédier à la crise», commente un analyste. Le sondage auprès des traders du marché monétaire montre qu'une majorité d'entre eux pensent qu'il faudra au moins un an avant que les spreads entre les taux de l'Euribor et les taux de l'Eonia retrouvent leurs niveaux d'avant la crise du crédit. Le spread est considéré comme une mesure de la disposition des banques à se prêter entre elles. Parmi les opérateurs interrogés, sept sur 20 tablent sur une échéance entre un et deux ans pour un retour à la normale au niveau des spreads, et six pensent qu'il faudra encore plus longtemps. Deux opérateurs pensent en revanche que cela ne prendra que trois à six mois et cinq pensent qu'il faudra entre six mois et un an. Lundi, le taux de l'Euribor à trois mois, qui sert de réference pour les prêts interbancaires, est tombé à un nouveau plus bas historique de 1,927%, contre 1,943% vendredi. Les banques centrales ont multiplié les injections de liquidités dans le circuit bancaire ces derniers mois, tout en baissant de façon radicale leurs taux directeurs, pour tenter de relancer le marché du crédit. Les banques restent réticentes à se prêter entre elles mais, pour autant, les opérateurs du marché monétaire estiment que les adjudications à taux fixe réalisées par la Banque centrale européenne ont effectivement assoupli les conditions de crédit sur leur marché. «Le taux euro n'est que 70 points environ au-dessus du niveau de celui des Etats-Unis et il est en dessous de celui du Royaume-Uni, ce qui montre que les appels d'offres à taux fixe ont été très réussis», souligne l'analyste. Dix opérateurs sur 21 pensent que la BCE recommencera ses appels d'offres à taux variables d'ici six à 12 mois, et huit pensent que cela n'interviendra que plus tard. Les appels d'offres à taux variables ont été suspendus après la première baisse de taux du cycle actuel de la BCE, en octobre, dans le cadre d'une action coordonnée des grandes banques centrales mondiales.