Les dernières mesures de politique monétaire prises aux Etats-Unis risquent de favoriser plus l'inflation que la croissance, a estimé, hier, un des dirigeants de la Banque centrale américaine (Fed), Jeffrey Lacker."Le principal effet de ces mesures sera d'accélérer quelque peu l'inflation plutôt que d'augmenter la croissance", a déclaré M. Lacker, président de l'antenne de la Fed de Richmond (Est des Etats-Unis), lors d'un discours dans une ville de sa circonscription dont le texte a été transmis à la presse. La Fed a décidé le 21 septembre d'assouplir encore sa politique monétaire ultra-accommodante en jouant sur la composition de son portefeuille de titres financiers pour tenter de faire baisser les taux d'intérêts à long terme, déjà très bas, tout en maintenant les taux à court terme au plancher. M. Lacker a indiqué dans son discours s'être prononcé contre cette décision, comme au moins quatre autres de ses collègues, dont trois ont manifesté publiquement leur opposition grâce au droit de vote dont ils disposent cette année au Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Pour lui, la "force" de la reprise économique en cours va être "relativement indépendante" des "choix de politique monétaire" de la Fed. Il estime que "les facteurs susceptibles d'entraver la croissance", qu'il s'agisse des difficultés de l'immobilier ou de l'incertitude sur l'avenir de la politique fiscale, "ne sont pas monétaires et échappent largement au pouvoir de la banque centrale de les contrecarrer en assouplissant sa politique". "L'Histoire a montré à plusieurs reprises que si une banque centrale tente d'être plus accommodante pour compenser des perturbations non monétaires affectant la croissance, le résultat est une inflation plus forte qu'il peut être difficile et coûteux d'éliminer", a-t-il dit en faisant référence à la situation des Etats-Unis au tournant des années 1980.