L'économie américaine est en croissance mais à un rythme insuffisant, ce qu'aucune "remède miracle" ne peut changer, a estimé dimanche Barack Obama dans une interview à la chaîne de télévision NBC. Le président américain a déclaré que son gouvernement avait anticipé la série de mauvais indicateurs publiés cette semaine, sur le produit intérieur brut et l'immobilier notamment. Ces chiffres font craindre que l'économie ne retombe en récession ou que la croissance se maintienne à un niveau trop peu élevé pour permettre un recul du chômage, qui atteint 9,5%. "L'économie est toujours en croissance, mais pas à un rythme aussi élevé qu'elle le devrait", a déclaré Obama. Le président américain s'efforce de rassurer les Américains à deux mois des élections de mi-mandat, sans pour autant sembler ignorer les inquiétudes de la population. L'économie est le principal sujet de campagne en vue des élections du 2 novembre, qui pourraient coûter aux démocrates leur majorité au congrès. En conditionnant vendredi un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine à une éventuelle dégradation de la conjoncture économique aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, s'est efforcé d'apaiser les "faucons" de la Fed qui privilégient la lutte contre l'inflation, dans le but de les rallier plus tard à sa position. Cette attitude pourrait en effet permettre à Ben Bernanke de bénéficier du soutien de la Fed en cas de nette aggravation du ralentissement économique américain. "Les statistiques devraient convaincre les membres les plus timides (du comité de politique monétaire de la Fed)", estime Julia Coronado, économiste chez BNP Paribas. Lors du symposium annuel de la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming, Ben Bernanke a dressé vendredi un tableau morose des perspectives économiques et il a rappelé les outils dont dispose la banque centrale pour stimuler la reprise. Les déclarations du successeur d'Alan Greenspan ont cependant été plus nuancées que celles de la banque centrale le 10 août à l'issue de sa dernière réunion, qui avait abouti à de nouvelles mesures pour soutenir l'économie et le crédit. La principale décision adoptée ce jour-là, à savoir la reprise des rachats d'emprunts d'Etat à long terme (Treasuries) sans pour autant gonfler davantage le bilan de la banque centrale, a été très discutée au sein de l'institution. Certains membres du comité de politique monétaire ont considéré que cette décision allait donner aux marchés l'impression que la Fed était plus proche d'un nouvel assouplissement monétaire important qu'elle ne l'était en réalité. Ben Bernanke a en outre reconnu qu'il était difficile d'évaluer la portée réelle d'une augmentation des rachats de Treasuries et qu'une éventuelle baisse du taux d'intérêt, déjà extrêmement bas, auquel la Fed rémunère les banques pour leurs liquidités aurait des effets limités. Il a aussi expliqué que l'un des facteurs sur lesquels la Fed fonderait ses décisions futures serait un nouveau ralentissement de l'inflation, déjà faible, qui accroîtrait les risques de déflation. Pour certains économistes, le rythme de la reprise américain a déjà ralenti et les déclarations de Ben Bernanke augurent de nouvelles mesures de la part de la Fed dans les mois à venir. "La tonalité générale était au 'attendons voir', en dépit des signes montrant actuellement, non seulement que l'activité économique aux Etats-Unis est revenue en dessous de son potentiel de croissance mais aussi qu'elle risque un ralentissement supplémentaire", écrit Jan Hatzius, économiste de Goldman Sachs, dans une note. En exposant les conditions dans lesquelles la Fed pourrait décider de nouvelles mesures destinées à prévenir une rechute en récession, Ben Bernanke a donc sans doute facilité la réunion d'un consensus autour de lui au sein du FOMC.