La Ligue arabe a accusé Damas d'avoir failli à ses engagements concernant le plan de sortie de crise proposé par les pays arabes, le régime de Bachar al-Assad accentuant la répression qui a fait au moins 19 morts, avant-hier, premier jour de la grande fête musulmane d'Al-Adha. Le régime syrien avait donné, mercredi dernier, son accord à un plan arabe de sortie de crise prévoyant un arrêt total des violences, la libération des personnes arrêtées dans de la répression, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation des observateurs et médias, avant l'ouverture d'un dialogue entre le régime et l'opposition. Mais les opérations sécuritaires ont fait près d'une soixantaine de morts depuis. La Ligue arabe a décidé de tenir une nouvelle réunion sur la Syrie le 12 novembre "en raison de la poursuite de la violence, le gouvernement syrien n'ayant pas respecté ses engagements à appliquer le plan arabe pour une sortie de crise dans le pays", selon un communiqué de la Ligue. Samedi, le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi avait pourtant appelé le régime Assad à appliquer "immédiatement" son plan prévenant d'une "catastrophe" si les violences continuaient. Les opposants syriens avaient pour leur part rejeté tout dialogue avec le pouvoir à Damas en l'accusant de chercher à "gagner du temps". Sur le terrain, la mobilisation des militants contre le régime n'a pas faibli, des défilés parfois massifs ont eu lieu dès la prière de l'aube dans de nombreuses villes pour appeler à la chute du régime et soutenir Homs (centre), théâtre d'opérations militaires d'envergure depuis plusieurs semaines. Seize civils ont été tués par les forces de sécurité dans différents quartiers de cette troisième ville de Syrie, notamment à Baba Amro, dont le pilonnage se poursuivait depuis plusieurs jours, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Quatre manifestants ont été blessés dont un grièvement, par les forces de sécurité qui ont tiré sur une manifestation" dimanche matin à Talbissé, près de Homs, selon la même source. En outre, deux civils ont péri sous les balles des forces de sécurité dans la ville de Hama (centre) et un autre à Idleb (nord). Les forces armées et de la Sécurité sont également intervenues à Zamalka et Irbine, dans la province de Damas. A Damas, elles ont dispersé à coups de gaz lacrymogène et en tirant en l'air une manifestation à Kafar Soussé où cinq manifestants ont été blessés et plus de 70 autres personnes arrêtées, dont trente manifestants, ont rapporté les militants. D'autre part, les détenus de conscience ont entamé dimanche une grève de la faim "pour protester contre le régime qui n'a pas tenu ses promesses mensongères de les libérer", selon l'OSDH. A l'occasion de la fête musulmane de l'Adha, le président Assad a assisté à la prière dimanche matin à la Mosquée Al-Nour de Raqqa (nord), selon la radio officielle. Rendant hommage au peuple, "véritable défenseur de la patrie", lors d'une rencontre avec des notables, il a affirmé: "Nous n'avons pas d'autre choix que de remporter toute bataille visant notre souveraineté et notre indépendance nationale", selon la presse. De son côté, le ministre de l'Intérieur Mohammad Chaar a demandé aux officiers "d'être vigilants et parfaitement préparés pour faire face aux défis et empêcher toute tentative de porter atteinte à la sécurité" de la part de "groupes terroristes armés soutenus par des forces extérieures qui veulent le mal à la Syrie". Le régime de Damas, qui ne reconnaît pas l'ampleur de la révolte populaire qui le secoue depuis plus de huit mois, accuse des "gangs armés" de vouloir semer le chaos et diviser la Syrie. En France, le chef de la diplomatie Alain Juppé a déclaré qu'il n'y a "plus rien à attendre" du régime de Bachar al-Assad. "Je pense personnellement qu'on n'a plus rien à attendre de ce régime et que malgré ses annonces de temps en temps, il ne s'engagera pas dans un programme de réformes". Homs pilonnée et assiégée, l'opposition veut une protection de l'ONU L'opposition syrienne a appelé à une "protection internationale" des civils dans la ville de Homs (centre), pilonnée et assiégée par les forces du régime de Bachar al-Assad et théâtre d'accrochages meurtriers entre soldats et déserteurs présumés. Déclarant Homs "ville sinistrée", le Conseil national syrien (CNS) a demandé à l'ONU, à l'Organisation de la conférence islamique et aux organisations internationales et arabes à "agir pour arrêter le massacre que le régime commet à Homs en assurant une protection internationale aux civils". Le CNS, qui regroupe la majorité des courants de l'opposition, réclame dans un communiqué "l'envoi immédiat d'observateurs arabes et internationaux à Homs pour qu'ils surveillent la situation sur le terrain et empêchent le régime de continuer à commettre ses massacres barbares". "Nous demandons aux organisations d'appliquer les lois internationales ayant trait à une ville sinistrée", poursuit-il en parlant de Homs, devenue un haut lieu de la contestation du régime. La Ligue arabe, accusant Damas d'avoir failli à ses engagements concernant le plan de sortie de crise proposé par ses membres, a annoncé une réunion sur la Syrie le 12 novembre au Caire. Le CNS a appelé la Ligue arabe à "intervenir immédiatement auprès du régime syrien pour qu'il cesse son attaque sauvage contre Homs et autorise l'entrée des produits alimentaires et du matériel médical".