La Russie, principal producteur de pétrole et de gaz de la planète, reste une pierre angulaire du secteur énergétique mondial mais gaspille trop d'énergie et pourrait réduire d'un tiers sa consommation, a souligné l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Le monde a besoin des ressources énergétiques de la Russie, mais la Russie doit consommer moins d'énergie, ou plus exactement améliorer son efficacité énergétique, a estimé l'institution dans son rapport annuel. Le potentiel annuel d'économies d'énergie de la Russie, si elle se hissait au niveau des pays de l'OCDE, correspond à la consommation énergétique annuelle du Royaume-Uni, a expliqué Fatih Birol, économiste de l'AIE, lors d'une conférence de presse à Londres. Le pays pourrait, selon l'AIE, économiser jusqu'à un tiers de l'énergie consommée (soit plus de 200 millions de tonnes d'équivalent-pétrole), via une forte modernisation de son industrie, des limitations d'émissions de CO2 pour les véhicules, et une réforme approfondie du marché local des prix de l'énergie. Cela serait suffisant, en théorie, pour permettre à la Russie de doubler ses exportations de gaz actuelles, a ajouté M. Birol. La Russie était en 2010 le premier pays producteur mondial de pétrole (devant l'Arabie saoudite) et de gaz naturel, mais aussi le quatrième plus gros pays consommateur d'énergie, après la Chine, les Etats-Unis et l'Inde. La demande énergétique de la Russie devrait progresser de 28% entre 2009 et 2035, et à cette date, malgré les efforts entrepris entretemps par le pays, il devrait encore avoir le potentiel suffisant pour économiser 18% de sa demande, là encore en se référant au niveau des pays de l'OCDE. Ses immenses ressources lui assurent cependant de conforter sa place de leader énergétique mondial, au risque d'avoir une croissance économique trop dépendante de ses exportations d'hydrocarbures (qui représentent actuellement 1/4 de son Produit intérieur brut), a également souligné le rapport de l'AIE. La Russie devrait voir sa production reculer de 7% d'ici à 2035, mais son offre de gaz naturel devrait bondir sur la même période de 50%, selon le scénario de base établi par l'AIE. Il faudra pour cela que la Russie procède à d'importants investissements et adopte un régime fiscal plus incitatif, ce sera crucial pour doper ses exportations, notamment vers l'Asie, a souligné Fatih Birol. L'Union européenne absorbe aujourd'hui 61% des exportations russes d'hydrocarbures, un chiffre qui devrait tomber à 48% d'ici à 2035, tandis que la part de la Chine passerait entre-temps de 2% à 20%.