Amazon, numéro un mondial de la vente sur internet, parie qu'un lancement en boutique du Kindle, sa tablette vedette, lui permettra de percer dans un marché français du livre électronique qui tarde encore à décoller. La chaîne de magasins Virgin Megastore a annoncé, cette semaine, qu'elle distribuerait en exclusivité en France le lecteur d'e-books d'Amazon qui, donnant accès à une librairie virtuelle de près d'un million de titres, s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde. "Dans certains pays, Amazon n'a pas réussi son implantation parce qu'il s'est lancé uniquement sur internet. Ils vont vraiment changer leur politique pour réussir leur implantation en France", explique Jean-Louis Raynard, PDG de Virgin Megastore France.L'enseigne a été créée par Richard Branson mais sa branche hexagonale appartient depuis 2008 au fonds d'investissement Butler Capital Partners. Vivement concurrencé par l'iPad d'Apple, Amazon a récemment annoncé le lancement aux Etats-Unis d'une nouvelle tablette, tactile et plus puissante. Le groupe passe également à la vitesse supérieure à l'international et, en France, il a mis en vente pour la première fois, le 7 octobre, le modèle de base de son Kindle. "On a les conditions optimales pour que la marché (français) explose", estime le patron de Virgin Megastore France, qui avance que trois millions de foyers disposeront d'une tablette électronique en 2012 dans l'Hexagone, appâtés par des baisses de prix pour ces appareils et des catalogues de librairies virtuelles qui s'étoffent. Virgin disposera d'une exclusivité jusqu'au mois de décembre, puis le Kindle sera distribué également par une chaîne de distribution alimentaire que Jean-Louis Raynard n'a pas souhaité nommer. Des barrières sont tombées ces derniers mois entre le numérique et les éditeurs français, même si ces derniers continuent d'avancer prudemment, redoutant que les ventes d'e-books ne grignotent celles du papier et craignant de voir quelques mastodontes, comme Apple, Google ou Amazon, capter l'essentiel de la distribution virtuelle. Les principaux éditeurs français ont finalement signé des accords avec ces mêmes géants, de numérisation d'oeuvres non rééditées avec Google, mais également de distribution avec Amazon qui revendique aujourd'hui un catalogue de 44 000 livres en français, ainsi que des journaux et des magazines. Reste que la France, où les livres numériques ne génèrent que quelque 40 millions d'euros, soit seulement 1% des ventes des éditeurs, a encore un important retard à combler par rapport aux pays anglo-saxons. Aux Etats-Unis, premier marché mondial des ventes d'e-books, Amazon vend davantage d'ouvrages numériques que de livres physiques, dans un marché que l'institut d'études Idate évaluait l'an dernier à 594 millions d'euros.