Les créanciers internationaux de la Grèce n'ont pas convaincu, avant-hier, le leader des conservateurs, Antonis Samaras, de s'engager par écrit en faveur des mesures d'austérité requises pour obtenir une nouvelle aide. Le chef de file de la Nouvelle démocratie, l'une des trois formations qui siègent dans le gouvernement d'union nationale emmené par Lucas Papadémos, a réaffirmé que sa parole suffisait et qu'une garantie écrite était inutile. Les dirigeants européens craignent toutefois que les partis rechignent à mettre en oeuvre des réformes impopulaires avant les élections législatives du 19 février. Antonis Samaras a d'ores et déjà annoncé qu'il visait la majorité absolue lors du scrutin afin de renégocier les conditions du plan d'aide européen. Selon le quotidien Kathimerini, qui cite des sources non identifiées, Lucas Papadémos est attendu dès lundi à Bruxelles, où il effectuera sa première visite en tant que chef du gouvernement, pour des discussions qui s'annoncent décisives dans la recherche d'un compromis au sujet de cet engagement écrit. En refusant de signer le document présenté par la troïka, Antonis Samaras met en péril le versement de la prochaine tranche d'aide. Les créanciers se disent prêts à bloquer les huit milliards d'euros nécessaires à Athènes pour éviter le défaut de paiement dès le mois prochain. Des représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international (FMI) ont également rencontré l'ancien Premier ministre George Papandréou, chef du parti socialiste (Pasok), qui n'a fait aucun commentaire. Ils doivent enfin s'entretenir dimanche avec Georgios Katzaféris, chef de file du parti d'extrême-droite Laos, troisième membre de la coalition. "Il y aura une solution" Dans une interview accordée à l'hebdomadaire dominical Real News, le leader du Laos laisse entendre qu'il signera l'engagement écrit. "Avons-nous besoin de cet argent ou pas ? Si la réponse est non, on ne signe pas. Mais, si on en a besoin et qu'il n'y pas d'autre moyen, nous devons considérer les choses sans égocentrisme ni restrictions", dit-il. Samaras, connu pour sa rhétorique fougueuse, a estimé que son parti avait déjà fait preuve de sa fidélité aux conditions du plan de soutien européen en entrant dans la coalition et en soutenant le projet de budget 2012. "En ce qui concerne la discussion que j'ai eue avec la troïka et sur la question spécifique des garanties écrites, je leur ai répété ma position", a dit le dirigeant conservateur après l'entretien. Les analystes politiques estiment cependant qu'un compromis permettant aux deux parties de sauver la face sera trouvé. "D'une manière ou d'une autre, il y aura un moyen de contourner le problème. Je pense qu'il y aura une solution qui n'obligera pas Samaras à signer un engagement écrit et qu'elle sera bientôt connue", a dit à Reuters Costas Panadopoulos, directeur de l'institut de sondages Alco. Le projet de budget 2012, dévoilé vendredi, prévoit une réduction du déficit d'un tiers, sans nouveau plan d'austérité mais avec un échange de dette proposé aux créanciers privés et l'application stricte des mesures déjà annoncées. L'objectif est de dégager dès 2012 un excédent budgétaire primaire, c'est-à-dire un solde positif hors service de la dette. Le projet de budget sera dans un premier temps débattu en commission la semaine prochaine et le vote en session plénière est prévu le 7 décembre. Le projet d'échange de dette était également au menu de la rencontre entre Samaras et la troïka, selon un responsable de la Nouvelle démocratie. "Nous avons discuté de l'implication du secteur privé (PSI) avec la troïka. Ils nous ont dit qu'ils suivaient de très près les négociations sur le PSI et nous ont dit que tout ce qu'ils voulaient était qu'il y ait un accord", a dit cette source.