Elle a rêvé de chanter pour le public aurèsien et elle l'a fait. La pur-sang des Aurès, Houria Aïchi, cheveux courts, style moderne, était chez elle, ce dimanche, au nouveau théâtre de Timgad lors d'une mémorable soirée qu'elle a animée avec une légendaire énergie qu'elle a d'ailleurs communiquée à un public généreux. La chanteuse qui a signé en hiver 2008 un nouvel opus résolument authentique, " Les Cavaliers de l'Aurès", était comblée : " Mon rêve était de chanter des chansons aurèsiennes pour un public des Aurès. C'est fait et je suis comblée " dira-t-elle avec un sourire sans excès. Elle était dans sa ville natale cette artiste qui a célébré avec force la tradition du chant chaoui qu'elle affectionne depuis plusieurs années dans les arènes du monde. Souriante à ravir, le menton haut et le maintien digne, l'artiste a su perpétuer de sa voix pure et puissante, devant un public respectueux et très attentif, cette tradition de poésie populaire chantée, héritée de ses ancêtres et à laquelle elle est profondément attachée. L'écho des chansons de son dernier album, "Les cavaliers de l'Aurès" (Raâyan el khil), autant que ses anciens morceaux, "Lehoua ou dhrar", "El ouali rakeb chehba", "Aldjia" et autres, semblaient atteindre les monts majestueux des Aurès, dans une belle communion avec la nombreuse assistance qui avait investi, dès le début de soirée, les travées du tout nouveau théâtre de verdure de Timgad. Une assistance qui n'est sûrement pas prête d'oublier cette artiste aux cheveux courts, à la silhouette frêle mais altière, élégamment vêtue de noir et d'orange. Un public conquis, ravi par l'authenticité de l'interprétation, qui témoigna de son admiration par des applaudissements nourris à l'adresse de cette fille de l'Aurès. Mis en appétit, le public de Timgad, jusque-là bien calme, "explosa" ensuite littéralement dès l'entame du tour de chant de la chanteuse et musicienne marocaine Zina Daoudia et son "violon magique". Une artiste pas comme les autres Houria Aïchi a fait salle comble le 12 février 2009 à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth où elle s'était produite pour la première fois. Auparavant, la chanteuse était visible le 8 février au New Morning de Paris à l'occasion du Festival Au Fil des Voix. Elle n'était pas seule, mais était venue avec son bendir en peau de mouton et surtout, et c'est ça la nouveauté, avec les L'Hijâz'Car. Que ce nom ne vous étonne pas, c'est juste celui d'un quintet strasbourgeois, qui aux classiques contrebasse et clarinette basse, joignent des instruments comme le oûd, la derbouka, rek, def, zarb, bendir. L'Hijâz, est une montagne d'Arabie qui surplombe à la fois l'Océan Indien, la Méditerranée et la Mer Rouge. En ce carrefour des cultures, les hommes se retrouvent le soir, là où les caravanes les ont conduit. Ils se mettent en cercle à la lumière d'un feu, plutôt que celui d'une Lampe, et la magie opère. La musique se fait envoûtante, la chaleur de la clarinette basse pénètre lentement votre corps jusqu'à prendre pleine possession de votre imaginaire. Les rythmiques deviennent entêtantes, que ce soit celles des percussions ou celles imposées par les mélodies de l'oûd. La conception musicale de ce concert inédit, et qui a tourné à guichets fermés, a été confiée a Martina A. Catella et Grégory Dargent. Houria Aïchi sera au chant, Grégory Dargent au oûd, Etienne Gruel à la percussion, Jean-Louis Marchand à la clarinette, Fabien Guyot à la percussion, Nicolas Beck à tarhu, hajouj. Ce n'est pas par hasard si Houria Aïchi a donné le titre de " Les Cavaliers de l'Aurès " à son nouvel opus, car dans la région de Ouled Naîl, il existe un proverbe qui reflète l'esprit de la contrée natale de la chanteuse : " Aimez les chevaux, soignez - les, par eux l'honneur et par eux la beauté. " La chanteuse, célèbre l'universalité des règles de la cavalerie, de la bravoure, de l'amour, prônées par ces princes cavaliers, les Raâyan el khil qui ont marqué son enfance. Connue aussi bien du public français qu'algérien, Houria Aïchi, la chaouïa a débuté toute seule avec son tambour et sa flûte de roseau, elle s'est vite montrée soucieuse de faire bouger les formes traditionnelles tout en restant fidèle aux bases profondes de sa culture. Elle chante sa terre natale en adaptant au temps présent, les chants populaires des paysans de l'Aurès. Houria Aïchi, rendue célèbre pour son interprétation des chants de l'Aurès, revisite aujourd'hui le répertoire sacré de l'Algérie. Elle a collecté ici et là, des joyaux populaires qui racontent Saints et rites rythmant le quotidien. L'écrin musical tissé par le compositeur Henri Agnel en fait resplendir leur force et leur beauté. Née au pied du massif des Aurès dans le Nord-Est algérien, Houria Aïchi, qui vit en France depuis près de trente ans, perpétue une tradition de poésie populaire chantée, héritée de sa grand-mère. Dans sa famille et depuis au moins trois générations, les femmes sont de grandes solistes qu'on appelle pour chanter lors des cérémonies familiales. Qu'elle reprenne une tradition ancienne de chants a cappella ou des pièces pour danser, Houria Aïchi anime un répertoire où des poèmes d'amour côtoient des chants d'exil, des chants de travail, des berceuses et, pour son ancien album Khalwa, des chants sacrés d'Algérie. Découverte à Paris en 1984, elle entame très vite une tournée internationale. En 1990, Bernardo Bertolucci la choisit pour la bande sonore de son film " Un thé au Sahara " et l'année suivante, après un récital au Théâtre de la Ville à Paris, elle enregistre un chant sur une musique d'Arthur Honnegger, en compagnie du musicien japonais Ryuichi Sakamoto. Avec une percussion qu'elle frappe à la main (bendir) et la complicité de la flûte traditionnelle (gasba) du virtuose Saïd Akhelfi, Houria Aïchi célèbre la force d'une tradition qu'elle s'attache à faire partager à Paris, New York, Montréal, Bruxelles, Barcelone, Fès et Alger.