Deux Turcs ont été blessés lorsque deux autocars transportant des pèlerins turcs revenant de la Mecque en Arabie Saoudite, ont essuyé, en Syrie dans la nuit de dimanche à lundi, des tirs d'un groupe armé, ont rapporté les médias turcs. Les bus qui se seraient égarés et auraient pris une mauvaise route près de la ville syrienne de Homs (centre), auraient été arrêtés par des soldats syriens qui ont tiré des coups de feu contre les véhicules, selon les chaînes privées CNN-Türk et NTV. La presse turque n'a pas fait état de soldats mais d'un groupe armé qui s'en est pris aux autobus turcs. Le conducteur ainsi qu'un pèlerin turc ont été blessés, selon cette source, qui a précisé qu'ils avaient été hospitalisés dans la ville turque d'Antakya (sud), située à la frontière syrienne. Le ministère turc des Affaires étrangères a confirmé une attaque en territoire syrien, sans donner d'autres détails. L'un des blessés, Cemi Karli (50 ans), a expliqué à Anatolie qu'un groupe armé de quatre personnes à bord d'une voiture rouge avait subitement ouvert le feu contre notre convoi de huit ou neuf bus dans une zone située entre Homs et Hama (nord). Les vitres de notre véhicule ont explosé. Nous ne savons pas pourquoi nous avons été pris pour cible. On aurait pu être tués, a-t-il dit, ajoutant que les véhicules touchés s'étaient dirigés à toute allure vers le poste frontière turco-syrien de Cilvegözü (sud). Les comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestations contre le régime, ont publié un communiqué à Nicosie, indiquant que deux bus avaient été attaqués et mis sur internet une vidéo montrant une personne évacuée vers un hôpital par des équipes de secours turcs. Sur les images on peut voir des vitres brisées d'un des bus et plusieurs impacts de balle. De nombreux pèlerins turcs empruntent la voie routière via la Syrie pour rentrer en Turquie après avoir effectué le rituel du hadj en Arabie Saoudite. Le hadj, le plus grand pèlerinage annuel au monde, est l'un des cinq piliers de l'islam. Homs et Hama figurent parmi les villes syriennes où la répression du mouvement de contestation a été très violente. La Turquie a coupé les ponts avec Damas, son ancien allié, pour protester contre la répression du régime syrien qui a fait depuis mars plus de 3.500 morts, selon l'Onu. Des missions diplomatiques turques en Syrie ont été la cible récemment d'attaques de la part de manifestants pro-gouvernementaux, provoquant la colère d'Ankara, qui avait déconseillé aux ressortissants turcs tout voyage non essentiel en Syrie. Erdogan à Assad: Le jour viendra où tu partiras aussi Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé, hier, que les jours du président syrien Bachar al-Assad étaient comptés, estimant que l'on ne pouvait rester au pouvoir avec des chars et des canons. Le jour viendra où tu partiras aussi, a lancé M. Erdogan devant la presse lors d'un forum international à Istanbul à l'adresse du chef de l'Etat syrien. M. Erdogan a critiqué les dernières déclarations faites par le chef de l'Etat syrien qui s'est dit tout à fait prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères, dans un entretien publié, avant-hier, par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times. Quelqu'un se manifeste et dit qu'il est prêt à mourir, a souligné M. Erdogan et d'ajouter: Tu vas lutter contre qui?, tu vas combattre ton frère musulman que tu gouvernes'. Il a une nouvelle fois dénoncé la répression par le régime syrien du mouvement de contestation en Syrie, qui a fait, selon l'Onu, plus de 3.500 morts. Nous ne pouvons absolument pas considérer comme humain l'usage de chars, de canons et d'armes contre ceux qui réclament des droits et une vie plus humaine, a ajouté M. Erdogan. 4 tués par des tirs des forces de sécurité, Assad s'en prend à la Ligue arabe Quatre personnes ont été tuées, hier matin, par des tirs des forces de sécurité syriennes lors de perquisitions menées dans la province de Homs (centre), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La veille, le président syrien Bachar al-Assad, s'est dit prêt à combattre et à mourir en cas d'intervention étrangère, dénonçant l'attitude de certains pays de la Ligue arabe. Ces déclarations sont intervenues alors que l'ultimatum de la Ligue pressant Damas de cesser la répression a pris fin samedi à minuit, exposant désormais la Syrie à des sanctions économiques arabes. Le président syrien a accusé la Ligue arabe de créer un "prétexte" à une intervention militaire occidentale qui provoquerait un "séisme" dans la région. Il a souligné que "la Syrie ne s'inclinera pas", se disant aussi "tout à fait" prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères. "Si le combat nous est imposé, nous combattrons", a affirmé de son côté son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem au cours d'une conférence de presse à Damas, rejetant en outre les craintes de guerre civile exprimées par ses homologues américain Hillary Clinton et turc Ahmet Davutoglu. Avant-hier, la Ligue arabe, qui a suspendu mercredi la Syrie de ses travaux, a par ailleurs rejeté une demande de Damas d'amender une proposition d'envoyer une délégation de 500 observateurs, estimant que les modifications "changeraient radicalement le nature de la mission" qui consiste notamment à "protéger les civils". M. Mouallem a dénoncé cette attitude, soulignant que le "protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe des prérogatives très amples, voire impossibles, pouvant aller jusqu'à la violation de la souveraineté nationale". Une nouvelle réunion de la Ligue arabe sur la Syrie a été annoncée pour jeudi. Le président turc Abdullah Gül, dans un entretien au Sunday Telegraph, a assuré qu'il n'y avait "plus place pour des régimes autoritaires" tels que le régime syrien. Après avoir tenté de raisonner la Syrie, la Turquie a durci le ton et soutient désormais l'opposition.