L'agence de notation financière Moody's a appelé, hier, le nouveau gouvernement espagnol de droite, issu des élections du 20 novembre, à "des mesures de rigueur significatives", se rajoutant à la pression en ce sens des autres agences et de la chancelière allemande Angela Merkel. "La majorité solide du nouveau gouvernement est un élément positif", a souligné l'agence dans son rapport hebdomadaire, mais il faudra "adopter des mesures tôt et de manière décisive", a-t-elle prévenu, une semaine après des mises en garde similaires de Standard & Poor's et Fitch Ratings. Les pressions montent depuis quelques jours afin que Mariano Rajoy, leader du Parti populaire (PP) et prochain chef du gouvernement, annonce déjà des mesures d'austérité, même s'il ne devrait être investi que le 20 décembre. Angela Merkel elle-même lui a écrit pour le féliciter tout en l'incitant à "décider et mettre en oeuvre rapidement des réformes nécessaires dans cette période difficile pour l'Espagne et pour l'Europe". L'Espagne veut réduire son déficit public de 9,3% du PIB en 2010 à 6% en 2011, 4,4% en 2012 et 3% en 2013. La Banque d'Espagne et la Commission européenne ont mis en doute cette trajectoire, mais Mariano Rajoy a affirmé que les 4,4% visés en 2012 seraient atteints, prévenant toutefois qu'il "faudra faire des coupes partout" sauf dans les retraites, afin de tenir la prévision. "Dans nos hypothèses actuelles, qui envisagent déjà des coupes significatives dans toutes les dépenses, nous nous attendons à ce que le déficit global soit au-dessus des 5% du PIB en 2012", écrit Moody's, qui s'inquiète notamment des mauvaises finances régionales. Du coup, le nouveau gouvernement "devra introduire des mesures de rigueur significatives pour atteindre son objectif budgétaire l'an prochain". Il "doit aussi présenter bientôt son plan de budget pour 2012, afin de clarifier ses perspectives budgétaires et les mesures détaillées qu'il a l'intention d'introduire pour s'assurer que ses objectifs budgétaires seront tenus", estime l'agence. Moody's a rappelé les réformes qui lui semblent nécessaires pour le pays: "avec un taux de chômage supérieur à 20%, le plus pressant est (d'appliquer) de nouvelles réformes du marché du travail", assure l'agence de notation, plaidant pour une négociation collective plus souple et une simplification des contrats. La nouvelle équipe dirigeante devra aussi réformer "le secteur bancaire", fragilisé depuis l'éclatement en 2008 de la bulle immobilière, à laquelle il était très exposé. Mais, reconnaît Moody's, "les premières mesures du PP en elles-même ne seront probablement pas suffisantes pour rétablir la confiance des investisseurs et des conditions de financement normales pour les émetteurs espagnols". "Une solution crédible à la large crise de la zone euro doit elle aussi émerger vite", conclut l'agence.