Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a estimé, hier, "exagérée et aussi injuste" la menace de l'agence de notation financière Standard & Poor's de dégrader la note de la majorité des pays de la région, dans un entretien à une radio allemande. "Nous sommes en train de maîtriser la crise de la dette, nous consolidons, nous réformons, nous réformons aussi la façon dont nous gouvernons", a-t-il plaidé sur Deutschlandfunk. "Cela m'étonne beaucoup que cette nouvelle tombe du ciel à l'aube du sommet européen. Cela ne peut pas être une coïncidence", a-t-il ajouté. "Il ne faut pas accorder aux agences de notation plus de crédit qu'elles ne le méritent", a encore estimé le ministre des Finances luxembourgeois, rappelant qu'elles n'avaient pas vu venir la crise du crédit hypothécaire à risque (subprime) aux Etats-Unis en 2007-2008. Standard & Poor's a annoncé, avant-hier, qu'elle envisageait d'abaisser la note de solvabilité à long terme de 15 pays de la zone euro, dont celle des six pays bénéficiant de la meilleure note "AAA", comme la France et l'Allemagne. Quelques heures plus tôt, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, avaient présenté à Paris les grandes lignes d'un projet commun de révision des traités européens, incluant des sanctions automatiques pour les Etats qui laisseraient filer leurs déficits. M. Juncker a salué l'initiative franco-allemande et a souhaité un accord de principe européen dès vendredi ainsi qu'une ratification des modifications des traités "en mars prochain au plus tard". Merkel veut continuer les réformes importantes La chancelière allemande Angela Merkel, a déclaré, hier, à Berlin qu'elle voulait continuer sur le chemin des réformes, relativisant l'importance des menaces de dégradations par Standard & Poor's. Nous allons mettre en œuvre, jeudi et vendredi, les décisions que nous jugeons importantes pour la zone euro (...). Ainsi nous allons apporter une contribution à la stabilisation de la zone euro et, je pense aussi, établir la confiance, a-t-elle déclaré lors d'un point de presse. J'ai toujours dit que c'était un long processus, qui durera encore un certain temps (...). Et nous allons continuer sur ce chemin des réformes, a-t-elle ajouté. La chancelière a relativisé l'importance des menaces de Standard & Poor's. Ces décisions sur la notation des pays relèvent de la responsabilité des agences de notation, a-t-elle simplement commenté. Relancée par un journaliste sur le sujet, elle a refusé toute autre déclaration. Cela signifie concrètement que l'Allemagne, première économie européenne et en bien meilleure santé que nombres de ses partenaires, risque de perdre sa note et donc de voir augmenter ses coûts d'emprunt. Berlin et Paris ont publié dans la soirée un communiqué commun en réaction à l'annonce de S&P, se disant pleinement solidaires pour assurer la stabilité de la zone euro.