Les négociations marathon de Durban sur le climat ont débouché, dimanche à l'aube, sur une feuille de route vers un accord en 2015 englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement. Le soulagement dominait chez les représentants des quelque 190 pays rassemblés dans cette conférence qui a frôlé la catastrophe à l'issue de 14 journées et deux nuits blanches de négociation. En l'honneur de Mandela: Cela a toujours l'air impossible, jusqu'à ce que ce soit fait. Et c'est fait!, a réagi, lyrique, sur twitter, Christiana Figueres, responsable de l'ONU pour le climat. Mais l'Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, a dû se contenter, à l'issue de cette réunion largement éclipsée par la crise de l'euro, d'un texte laissant en suspens cette question cruciale concernant le futur pacte climatique. Cet accord, qui permet aussi d'écrire une suite au protocole de Kyoto après 2012 et d'éviter un échec deux ans après l'immense déconvenue de Copenhague, ne s'accompagne, par ailleurs, d'aucune révision des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières sont, à ce jour, largement insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C, objectif affiché de la communauté internationale. Face à la vive opposition de l'Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale. L'objectif est que cet instrument entre en vigueur à partir de 2020. L'UE a salué dimanche la percée historique réalisée à Durban. La stratégie de l'UE a fonctionné, a jugé la commissaire européenne en charge du climat Connie Hedegaard, très présente lors de la réunion sud-africaine. L'affaire s'est finalement bien terminée, a estimé le représentant américain pour le climat, Todd Stern. C'est la première fois que l'on va voir des pays en développement accepter d'être tenus par un accord légal sur le climat, a-t-il souligné. Comme un somnambule vers 4°C Les décisions prises à l'aube dans cette ville située sur l'océan Indien sont bien en-deçà de ce qu'exige l'urgence climatique, a de son côté regretté l'ONG Oxfam, qualifiant cet accord de strict minimum possible qui laisse le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C. Les pollueurs ont gagné, les peuples ont perdu, a jugé, plus catégorique, Greenpeace Africa. Avec cette feuille de route en poche, les Européens ont donné leur accord à la poursuite du protocole de Kyoto après 2012. Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié, de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2. Cette prolongation était une revendication forte des pays en développement qui rappellent inlassablement que le Nord a une responsabilité historique dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère. La mise en place du mécanisme de fonctionnement du Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique, a également été adoptée à Durban. Cependant, la question centrale de l'alimentation de ce fonds reste à ce jour largement sans réponse, alors que l'engagement pris à Copenhague, il y a deux ans, est d'aboutir à 100 milliards de dollars par an à compter de 2020. Nous sommes entrés dans une période d'incertitude économique, une ère d'austérité fiscale. Mais je ne pourrais jamais trop souligner à quel point il est crucial que les pays développés tiennent leurs engagements, a souligné cette semaine à Durban le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. La conférence de Durban qui s'est achevée avec 36 heures de retard, restera dans l'histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations, comme le record du genre. Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar... plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde. L'UE salue une percée historique dans la lutte pour le climat L'UE a salué, hier, la percée historique réalisée lors des négociations qui ont abouti à Durban (Afrique du Sud) à une feuille de route vers un accord en 2015 englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement climatique. L'Union européenne salue l'accord obtenu à la conférence de l'ONU sur le changement climatique comme une percée historique dans la lutte contre le changement climatique, indique un communiqué publié à Bruxelles dimanche par la commission européenne. La stratégie de l'Union européenne a fonctionné. Quand de nombreuses parties avaient dit après le précédent sommet de Cancun que Durban pourrait seulement appliquer les décisions prises à Copenhague et Cancun, l'UE souhaitait plus d'ambitions, et a obtenu plus, s'est réjouie la commissaire européenne Connie Hedegaard, citée dans le communiqué. Nous n'accepterions pas une nouvelle période pour le protocole de Kyoto sans avoir en retour une feuille de route pour le futur au sein de laquelle tous les pays doivent s'engager. Alors que Kyoto divise le monde en deux catégories, nous aurons maintenant un système qui reflète la réalité d'un monde d'aujourd'hui interdépendant, a ajouté la commissaire, qui a joué un rôle important dans les tractations qui ont abouti à un accord à l'aube et permis d'éviter l'échec annoncé. Puisque nous somme interdépendants, ce que nous promettons de faire doit avoir le même poids légal. Avec l'accord sur une feuille de route vers un nouveau cadre légal en 2015 qui englobera tous les pays dans le combat contre le changement climatique, l'UE a atteint ses objectifs clés pour la conférence de Durban, conclut Mme Hedegaard. Le ministre polonais de l'Environnement, Marcin Korolec, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a également salué un succès significatif pour l'Europe et pour le monde. L'Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, se dit donc satisfaite, alors qu'elle a dû se contenter d'un texte laissant en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique. Face à la vive opposition de l'Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale. La France se félicite d'un compromis important La conférence de Durban sur le climat est un succès garantissant l'avenir du protocole de Kyoto, a estimé, hier, le ministère français des Affaires étrangères. Il s'agit d'un compromis important qui préserve nos ambitions d'un accord global et efficace contre le réchauffement climatique, a souligné le porte-parole du ministère, Bernard Valero, dans une déclaration. La France se félicite de cet accord. Il doit permettre de renforcer l'ambition du régime international de lutte contre le changement climatique, a-t-il ajouté.