Le jeune soldat américain Bradley Manning, "taupe" présumée de WikiLeaks, a comparu, avant-hier, pour la première fois devant la justice militaire depuis les fuites qui ont ébranlé la diplomatie mondiale. Sa défense a accusé d'emblée le tribunal de partialité. Après 18 mois de détention, le jeune homme, qui a eu 24 ans, hier, a fait sa première apparition publique, les yeux cachés par d'épaisses lunettes noires, sur la base de Fort Meade, près de Washington. Il est accusé d'avoir transmis au site Internet Wikileaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260 000 dépêches diplomatiques du Département d'Etat. Accusé notamment de "collusion avec l'ennemi" et "diffusion de renseignements militaires", il risque la prison à vie. Récusation exigée Mais dès l'ouverture des débats, son avocat civil a exigé que l'officier chargé de l'enquête, un procureur militaire de carrière, se récuse, estimant que l'accusation risquait d'être partiale. L'accusation a soumis une liste de 20 témoins et "ils ont tous reçu l'autorisation de déposer", a déclaré l'avocat. En revanche, la défense a, selon lui, demandé à 48 personnes de témoigner, "mais seuls deux témoins sur 38 ont été acceptés". Requête rejetée. Parmi les témoins cités par la défense, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, l'ancien chef du Pentagone, Robert Gates et le président Barack Obama en personne. Leurs noms étaient cachés sur la liste mais leurs identités sont reconnaissables par les explications qui les accompagnent. Le lieutenant-colonel Almanza chargé de l'enquête a rejeté la requête de la défense de se récuser. Au cours de cette audience préliminaire qui doit durer cinq jours, la cour va uniquement passer en revue les accusations qui visent l'accusé. Les enquêteurs devront ensuite dire s'ils se prononcent pour qu'une cour martiale se saisisse de l'affaire. Le procès ne devrait pas se tenir avant le printemps 2012.