Shell a annoncé avoir suspendu la production d'un champ de pétrole en mer d'une capacité de 200 000 barils par jour, au large du Nigeria, en raison d'une fuite d'environ 40 000 barils. La compagnie anglo-néerlandaise a indiqué, dans un communiqué, avoir temporairement interrompu la production du champ Bonga, situé à environ 120 kilomètres des côtes, au sud du pays. Shell Nigeria Exploration and Production Company (SNEPCo, l'une des filiales du groupe au Nigeria) confirme agir en réponse à une fuite de pétrole sur son installation en eaux profondes Bonga, d'une capacité de 200 000 barils par jour. D'après de premières indications, moins de 40 000 barils de pétrole auraient fui, a précisé la compagnie. La fuite est survenue au cours d'une opération routinière de transfert de brut depuis l'unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) de Bonga vers un tanker pétrolier. La fuite se serait produite sur un conduit qui a été fermé et dépressurisé, interrompant le flux de pétrole. La fermeture temporaire de Bonga est une mesure de précaution, a ajouté le groupe. Shell est le plus important et le plus ancien des opérateurs au Nigeria, premier producteur de brut d'Afrique dont la production tourne actuellement autour de 2,2 millions de barils par jour. Le patron de Shell au Nigeria, Mutiu Sunmonu, a présenté ses excuses pour la fuite et assuré dans le communiqué que la compagnie s'évertuait à la nettoyer rapidement. Nous sommes désolés que cette fuite se soit produite. Dès que nous en avons eu connaissance, nous avons interrompu le flux de pétrole et mobilisé nos propres ressources (...) pour faire en sorte que les effets soient aussi limités, a-t-il déclaré. Nous nous concentrons désormais sur un nettoyage rapide et efficace, a poursuivi M. Sunmonu. Shell a été largement critiqué, notamment par les Nations unies, pour la pollution dans le delta du Niger, la région pétrolifère et volatile du sud du Nigeria. Dans un rapport en août sur la pollution en pays Ogoni, une partie du Delta du Niger où Shell a particulièrement été implanté dans le passé, l'ONU a estimé que les dégâts étaient tels (eau, sols, air contaminés par le pétrole) que le nettoyage de la zone serait le plus important jamais entrepris à travers le monde. Shell affirme avoir régulièrement nettoyé les fuites émanant de ses installations mais activistes et ONG estiment que le groupe n'a pas fait assez. Les sabotages d'oléoducs par des militants armés et le vol de brut revendu sur un marché noir régional très lucratif, contribuent largement à la pollution du delta depuis plusieurs années, selon les observateurs. La production du champ Bonga avait été interrompue en février 2011, jusqu'en avril, en raison de travaux d'entretien. Ce site majeur avait été en 2008 la cible d'une attaque de militants armés à bord d'embarcations rapides. Des groupes armés ont régulièrement attaqué le secteur pétrolier, affirmant agir au nom d'une plus juste répartition de la manne. Une amnistie offerte à ces combattants en 2009 par les aux autorités a permis une accalmie notable dans le delta du Niger et une remontée de la production de pétrole.