Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), qui a revendiqué plusieurs attaques contre des infrastructures pétrolières dans le sud du Nigeria, a décrété hier un cessez-le-feu unilatéral dans la région, ont annoncé les agences de presse. Dans un communiqué, le principal groupe de la rébellion a annoncé une cessation immédiate des hostilités en réponse à des appels d'anciens et de responsables politiques de cette région pétrolière où le Nigeria tire 90% de ses devises. Mais le Mend a également promis de reprendre des attaques de représailles si l'armée nigériane menait une nouvelle opération sur l'un de ses camps de base. Le 14 septembre, une opération militaire contre le Mend avait provoqué un regain de violence dans la région avec des affrontements entre les soldats et les militants qui évitent d'ordinaire la confrontation. Nous espérons que l'armée a compris cette leçon amère. La prochaine attaque non-provoquée déclenchera une autre guerre du pétrole », a promis le groupe dans un communiqué envoyé par e-mail. Le groupe opérant dans le Delta du Niger, a attaqué des positions de l'armée et des oléoducs transportant le pétrole brut des puits jusqu'aux terminaux d'exportation. Au cours de sa dernière attaque dans la nuit de vendredi, le Mend a déclaré avoir détruit un oléoduc de Shell situé sur le Front Buguma dans la localité d'Asari Toru de l'Etat de Rivers. En annonçant le lancement de la « guerre du pétrole », le Mend avait menacé tous les pétroliers et méthaniers qui s'approcheraient de ce delta. Il menace aussi de s'en prendre au site offshore Agbami de Chevron et, comme en juin dernier, à une autre importante unité de production offshore de Shell, le FPSO Bonga. « L'armée et le gouvernement du Nigeria, dont l'offensive non justifiée contre nos positions a déclenché cette guerre du pétrole, ne sont pas à la hauteur face à une guérilla de ce genre. Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) va continuer à s'attaquer tous les jours aux infrastructures pétrolières jusqu'à ce que les exportations pétrolières s'arrêtent totalement », a déclaré le mouvement dans un communiqué transmis par courrier électronique à l'agence PANA. La compagnie pétrolière nationale estime que la production est en baisse d'environ 40% actuellement par rapport à la production habituelle quotidienne de 2,6 millions de barils/jour. Le géant pétrolier Shell a annoncé samedi avoir déclaré une deuxième « force majeure » sur ses chargements de brut au terminal de Bonny (sud du Nigeria), entraînant une suspension de la garantie des livraisons, à la suite de récentes attaques armées de ses infrastructures. La clause de « force majeure », courante dans les milieux pétroliers, permet à la compagnie de suspendre ses obligations contractuelles, telles que les livraisons de pétrole et de gaz, à la suite d'événements imprévus, sans encourir de pénalités. Par ailleurs, le 19 septembre, le pétrolier américain Chevron a annoncé avoir vendu, pour un montant non communiqué, sa filiale nigériane de commercialisation de carburant à une société de Panama. Parallèlement, le procès de Henry Okah, considéré comme le leader du Mend a été reporté en raison de complications rénales dont souffre ce dernier, a rapporté la presse nigériane samedi. Arrêté en Angola l'année dernière avant d'être extradé au Nigeria, M. Okah doit répondre de 62 chefs d'accusation de trahison, félonie, trafic d'armes, terrorisme et importation illégale d'armes, entre autres.