Dans la wilaya de Médéa, la steppe forme un ruban de 200 000 hectares. C'est la région des grands espaces plats, lits d'oueds et dépressions délimitées entre les isohyètes 300 et 400 millimètres de précipitations en moyenne par année, propice à la céréaliculture et l'élevage ovin. Cet "océan" steppique s'exprime, aujourd'hui, en incertitudes, à commencer par la rareté de l'humus, phénomène qui dessert le développement des plantes servant de réservoir hydrique et nourricier aux moutons. S'y greffent les dégradations subies sous les actions éoliennes et biologiques. Et la composition floristique (alfa, armoise, sparte, hélianthème) a laissé place à une "calvitie" du sol. L'équilibre maintenu pendant des siècles a été rompu, conséquence du surpâturage et des labeurs qui ont détruit les plantes vivaces. Agressée à la fois par l'homme et par cette pratique ad habitum, la steppe est en péril et n'arrête plus à nourrir la cheptel : "la charge actuelle est de 10 moutons/ 4 hectares, contre 1 mouton sur 10 hectares il y a 20 ans", explique un éleveur. Les dégâts ont été lents et insidieux, et ce qui symbolisait la relation entre l'homme et l'environnement est menacé. La steppe, à Médéa, c'est la seconde source fondamentale de revenu des populations localisées au niveau des daïras de Chellalat Adhaoura, Aïn Boucif, Sebt Aziz et Chahbounia, soit quelque 300 000 habitants vivant directement et indirectement de l'élevage. Aussi, le haut commissariat au développement de la steppe, la direction des services agricoles et la Conservation des forêt, ont entamé depuis ces dernières années un vaste programme de reboisement et de mise en défens des terres, destiné à la fixation des sols, la régénération du tapis végétal, les brise-vent pour fixer les dunes et stopper l'avancée des sables, parallèlement à la délimitation des zones de pacage, la plantation d'espèces fourragères rustiques, tels le tamaris, l'atriplex, ainsi que l'introduction du pin d'Alep et du cyprès. La réalisation de ce programme pourra, à long terme, rétablir l'équilibre de la steppe, tout en induisant une activité secondaire de la transformation.