L'économie espagnole replongera sûrement dans le rouge au dernier trimestre 2011, a affirmé, avant-hier, le nouveau ministre des Finances, Luis de Guindos, qui entame sa lourde mission dans un pays en crise et frappé par un taux de chômage record. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a pris ses fonctions jeudi, avec pour objectif principal de redresser l'économie. Dès le 30 décembre, les ministres adopteront les premières mesures urgentes d'austérité. C'est avec un message pessimiste que Luis de Guindos, 51 ans, a accueilli, avant-hier, les nouveaux hauts responsables de son ministère. L'économie espagnole subira sûrement une rechute ce trimestre et nous retournerons à un taux de croissance négatif, a-t-il déclaré devant la presse lors de leurs prises de fonctions. Hors micros, il a situé ce taux entre -0,2% et -0,3% pour le dernier trimestre, selon les médias espagnols. Ne nous faisons pas d'illusions, les deux prochains trimestres ne seront pas simples, ni du point de vue de la croissance ni du point de vue de l'emploi, a-t-il ajouté sans toutefois employer le mot de récession. Enfoncée dans la crise, frappée par un taux de chômage record de 21,52%, l'Espagne s'est engagée auprès de ses partenaires européens à ramener le déficit à 4,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 (contre 9,3% en 2010), puis à 3%, la limite fixée par l'UE, dès 2013. Le gouvernement socialiste sortant de José Luis Rodriguez Zapatero s'était fixé comme objectif de le réduire jusqu'à 6% du PIB cette année. Mais celui-ci pourrait ne pas être atteint, a prévenu son successeur, Mariano Rajoy, grand vainqueur des élections du 20 novembre. Afin de contenir le déficit, ce dernier a d'ores et déjà prévu de nouvelles réductions budgétaires pour 2012 dans le secteur public, de 16,5 milliards d'euros au moins. L'économie espagnole, qui a vu son PIB reculer de 3,7% en 2009 puis de 0,1% en 2010, peine à renouer avec la croissance depuis début 2011 : au premier trimestre, elle a progressé de 0,4%, puis de 0,2% au deuxième, avant de retomber à zéro au troisième. En rythme annuel, sa croissance s'est établie au troisième trimestre à 0,8%, ce qui était la prévision la plus récente du gouvernement sortant pour fin 2011, alors qu'il tablait avant sur 1,3%. De nombreux économistes s'attendent à un retour de l'Espagne à la récession fin 2011-début 2012 : Goldman Sachs et l'institut français de statistique Insee prévoient un recul de 0,2% du PIB à la fois au quatrième trimestre et au premier trimestre 2012. Quant à la banque Natixis, elle anticipe une contraction de 0,2% du PIB au quatrième trimestre, puis de 0,1% début 2012. Le pays était sorti début 2010 d'une récession de plus de 18 mois, provoquée par la crise et l'éclatement de sa bulle immobilière.