Invité du forum de la Chaîne II de la Radio nationale "Le rendez-vous du jeudi", Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, a estimé que les revendications des avocats sont légitimes et que le dialogue est la seule issue à la crise et un premier pas pour trouver des solutions aux problèmes de la défense, souhaitant que cette démarche soit une opportunité pour les avocats, dans le sens d'une réponse favorable à leurs revendications. Revenant sur ces dernières, Me Ksentini a souligné que les problèmes rencontrés par les avocats au niveau du nouveau siège de la cour d'Alger, constituent un élément déclencheur et aussi d'autres revendications majeures, dont le cumul avec le temps est devenu "insupportable", notamment le traitement de plus de 200 dossiers en une seule journée. Un rythme qui a des effets négatifs sur la qualité des jugements rendus, d'autant que le magistrat n'accorde que 5 renvois à la défense dans les affaires civiles. "Il est impensable de pousser les magistrats vers la satisfaction de considérations liées à des statistiques", a-t-il dit. En outre, il a souligné que la réforme de la justice est en avance mais ceci "n'empêche pas l'émergence d'imperfections de temps à autre". Il a aussi évoqué le problème de la qualification des avocats et des magistrats, reconnaissant qu'il subsiste encore un effort à fournir dans ce domaine. Il a appelé à l'élaboration d'un statut de l'avocat. Sur ce point, il a estimé qu'un statut clair pour les avocats ira dans le sens de renforcer les droits de la défense. A rappeler que le dialogue intervient après le boycott des audiences de la cour, lequel se poursuit depuis près de deux semaines, et le sit-in tenu, mercredi dernier, pour interpeller les autorités sur l'exclusion des avocats des juridictions et les violations quotidiennes de leurs droits. Toutes les affaires ont été soit renvoyées, soit jugées sans la présence de la défense. Une journée de protestation nationale a été observée le 10 juin, lors du procès intenté contre un avocat du barreau de Tlemcen, pour avoir déposé une plainte contre une juge au nom de son client. Par ailleurs, et s'agissant des informations qui ont été données sur la libération éventuelle de 7 des 25 détenus algériens du centre de détention de Guantanamo, Me Ksentini a indiqué que ces informations n'ont pas été confirmées. Il a souligné que ces détenus auraient exigé de se rendre en Albanie, estimant que ces détenus qui n'ont pas été jugés depuis 4 ans, sont libres de revenir en Algérie ou partir ailleurs. Dans le même cadre, il a ajouté que plusieurs détenus arrêtés en Bosnie sont mariés à des ressortissantes albanaises. Ce qui explique, selon lui, le désir de quelques détenus de se rendre dans ce pays. N'excluant pas l'éventualité dans certains cas d'avoir choisi cette destination pour fuir la justice algérienne, il a réitéré la possibilité de faire bénéficier ces détenus des dispositions de la Charte pour la paix. Par ailleurs, il a expliqué les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à envisager la fermeture de ce centre qu'il a qualifié de "Goulag tropical", par les impératifs des élections présidentielles dans ce pays et la pression de l'opinion internationale. Il a également fait savoir qu'il est temps que ce pays qui se réclame de la démocratie mette un terme à cette injustice, ajoutant que les détenus sont en droit d'exiger dommages et réparations. Concernant la situation des droits de l'enfance, surtout avec la disparition et la mort tragique du petit Yacine, il a estimé que la question des kidnappings d'enfants est douloureuse et complexe. Affirmant que l'Observatoire national doit se pencher sur cet épineux problème qui relève du grand banditisme, estimant que les services de sécurité, en concert avec l'Observatoire, sont appelés à se pencher sur cette question et faire des propositions à même d'éradiquer ce phénomène.