Ksentini a estimé qu'au cas où ils seraient libérés, les détenus algériens peuvent revenir en Algérie ou partir ailleurs. La libération des Algériens, détenus dans «le goulag américain» de Guantanamo, donne corps à toutes les spéculations. Seront-ils remis en liberté, ou continueront-ils à croupir dans cette prison «de la honte»? Ainsi, aux assurances formulées par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, relative, à la libération de ces détenus, succèdent les doutes de Me Farouk Ksentini. Ce dernier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, a indiqué que les informations inhérentes à «la libération éventuelle» de 7 des 25 détenus algériens du centre de détention de Guantanamo, «n'ont pas été confirmées». Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (Cncppdh), remet derechef sur table la confusion entourant ce dossier. Pourtant, aux Etats-Unis, on parle de l'éventuelle fermeture du camp X-ray de Guantanamo bay à Cuba. En ce sens, le président George W.Bush «a depuis longtemps fait connaître son intention de fermer le centre de détention de Guantanamo et de le faire d'une manière responsable», a déclaré hier, sa porte-parole Dana Perino. Au cas où ces détenus seraient libérés, Me Farouk Ksentini a estimé qu'«ils peuvent revenir en Algérie ou partir ailleurs». Plusieurs détenus arrêtés en Bosnie, a révélé l'invité de la Chaîne II, sont mariés à des ressortissantes albanaises. «Ce qui explique, selon lui, le désir de quelques détenus de se rendre dans ce pays». N'excluant pas l'éventualité, dans certains cas, d'avoir choisi cette destination pour fuir la justice algérienne, il a réitéré la possibilité de faire bénéficier ces détenus des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Par ailleurs, expliquant les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à envisager la fermeture du camp de Guantanamo, Me Ksentini a estimé que cela est dicté «par les impératifs des élections présidentielles dans ce pays et la pression de l'opinion internationale». Il convient de rappeler que Washington avait imposé certaines conditions pour la libération des détenus algériens. Toutefois, ces conditions ont buté à un niet catégorique d'Alger pour qui, l'acceptation de ces formalités contraignantes, engage purement et simplement la souveraineté de l'Algérie. S'exprimant sur les revendications formulées par les avocats, le président de la Commission nationale consultative a indiqué que celles-ci sont légitimes. La situation professionnelle des avocats, qui ne paie pas de mine, a conduit leur syndicat à appeler à un mouvement de contestation. Me Ksentini a estimé que «les problèmes rencontrés par les avocats au niveau du nouveau siège de la cour d'Alger, constituent un élément déclencheur». Tout en se réjouissant du fait que les représentants des avocats et le ministère aient repris langue, Me Ksentini a reconnu, néanmoins, qu'«il y a d'autres revendications majeures des avocats, dont le cumul avec le temps sont devenues insupportables», a-t-il soutenu. L'invité de la Chaîne II ne va pas sans ajouter qu'«il est déplorable de voir les magistrats traiter plus de 200 dossiers en une seule journée». Il a, dans le même sens, estimé que «ce rythme imposé aux magistrats a des effets négatifs sur la qualité des jugements rendus». S'exprimant sur la disparition tragique du petit Yacine Bouchelouh, retrouvé mort la semaine dernière dans un puits à 400 mètres de chez lui, Farouk Ksentini a indiqué que cette disparition est épineuse et douloureuse. Ce dossier, selon le président de la Cncppdh, relève du grand banditisme. Il a estimé que «les services de sécurité, de concert avec l'Observatoire, sont appelés à se pencher sur cette question et faire des propositions à même d'éradiquer ce phénomène».