Le président de la Commission nationale des droits de l'Homme a indiqué que l'information sur une probable libération des détenus de ce “goulag tropical” n'a pas été confirmée. Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme, Me Farouk Ksentini, n'a pas exclu, jeudi dernier, la possibilité que les ressortissants de nationalité algérienne en détention à Guantanamo puissent bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Me Ksentini, qui a donc laissé la porte ouverte à cette option, a toutefois tenu à préciser que les informations qui ont été données sur “la libération éventuelle” de 7 des 25 détenus algériens du centre de détention de Guantanamo “n'ont pas été confirmées”. Il ne s'agit apparemment pour le moment que de supputations rapportées par certains titres de la presse occidentale. Cependant, l'invité de la Chaîne III a indiqué que “ces détenus auraient exigé de se rendre en Albanie”, tout en relevant que du fait qu'ils n'ont pas été jugés depuis 4 ans “ils sont libres de revenir en Algérie ou partir ailleurs”. Cette revendication de ces détenus de gagner l'Albanie et non l'Algérie, leur pays d'origine, trouve son explication dans le fait que plusieurs d'entre eux, arrêtés en Bosnie, sont mariés à des ressortissantes albanaises. Me Ksentini n'écarte pas, malgré tout, l'éventualité que ces détenus aient choisi cette destination pour fuir la justice algérienne. Par ailleurs, Me Ksentini a expliqué les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à envisager la fermeture de ce centre qu'il a qualifié de “goulag tropical”, par les impératifs des élections présidentielles dans ce pays et la pression de l'opinion internationale. “Il est temps que ce pays qui se réclame de la démocratie mette un terme à cette injustice”, a-t-il affirmé, ajoutant que “les détenus sont en droit d'exiger dommages et réparations”. Abordant l'un des sujets qui font l'actualité nationale en ce moment, à savoir la grève observée par les robes noires, le président de la CNCPPDH a jugé les revendications des avocats “légitimes” tout en préconisant le dialogue pour trouver une issue au mouvement de contestation. Me Ksentini a, d'ailleurs, considéré que “le dialogue ouvert par la chancellerie avec les représentants des avocats constitue un premier pas pour trouver des solutions aux problèmes de la défense”. Me Ksentini, qui a estimé que les problèmes rencontrés par les avocats au niveau du nouveau siège de la Cour d'Alger constituent “un élément déclencheur” de ce mouvement de protestation, a cependant soutenu qu'il y a “d'autres revendications majeures”. Pour lui, il est déplorable de voir les magistrats traiter plus de 200 dossiers en une seule journée. Il a, dans ce registre, estimé que le rythme imposé aux magistrats “a des effets négatifs sur la qualité des jugements rendus”, illustrant son propos par le fait que “le magistrat n'accorde que 5 renvois à la défense dans les affaires civiles”. Me Ksentini a abordé, en outre, le problème de qualification des avocats et des magistrats, reconnaissant qu'“il subsiste encore un effort à fournir dans ce domaine”. “Comme nous avons œuvré pour la promulgation du statut du magistrat, il est de notre devoir de faire autant pour les avocats”, a-t-il affirmé. H. S.