Les appels au retrait des observateurs déployés en Syrie par la Ligue arabe se multiplient, la répression sanglante menée par le régime du président Bachar al-Assad ne marquant pas de répit malgré leur présence. Un civil a été tué hier dans le quartier Bayyada à Homs (centre) par des tirs des forces de sécurité, et un agriculteur a été tué d'une balle perdue lors de perquisitions menées dans le village de Chaffounié, près de Damas, à la recherche de militants, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). De leur côté, des groupes d'observateurs effectuaient hier des tournées à Homs, Hama (centre) et à Deraa (sud), où le mouvement de contestation a débuté, pour rendre compte de la situation, selon l'agence officielle Sana. Avant-hier, le président du Parlement arabe, Salem al-Diqbassi, a appelé à leur retrait immédiat, le régime syrien continuant à tuer des civils innocents. Les agissements du régime "sont une violation claire du protocole arabe qui prévoit de protéger le peuple syrien. Nous assistons à une escalade de la violence, davantage de personnes sont tuées y compris des enfants et tout cela en présence des observateurs", a ajouté le chef de ce comité consultatif formé de parlementaires issus des 22 membres de la Ligue arabe. Les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain, ont fait état avant-hier soir de la mort de 315 civils, dont 24 enfants, et de l'arrestation de 125 personnes dont sept enfants, depuis l'arrivée des observateurs le 26 décembre dernier en Syrie. L'OSDH a annoncé hier l'arrestation samedi passé à Harasta, près de Damas, d'une militante Waed Mahfoud, 32 ans, par les servives de sécurité de l'air, pour avoir participé à une manifestation dans le quartier Midane à Damas. La mission des observateurs arabes est contestée également par les opposants syriens qui accusent le régime d'entraver la mission des observateurs et expriment des inquiétudes des positions adoptées par son chef, le général Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. "Les observateurs sont restés trop longtemps dans leurs hôtels avant d'être autorisés à sortir sur le terrain et leurs visites se font sous la surveillance des agents de sécurité du régime", a affirmé Jabr al-Choufi, membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l'opposition syrienne au régime de Bachar al-Assad. La mission des observateurs fait partie d'un plan de la Ligue arabe qui prévoit notamment la liberté de manifester, et le retrait des engins militaires des rues. "La Ligue arabe a choisi le général Dabi qui appartient à une armée ayant commis des crimes de guerre au Darfour. Amnesty international l'a rendu responsable de cas d'arrestations arbitraires et de torture contre beaucoup de personnes au Soudan", écrivait hier le quotidien à capitaux saoudien, al-Hayat, basé à Londres, dans un article intitulé "le scandale al-Dabi". Un deuxième groupe d'observateurs chargés de rendre compte de la situation en Syrie doit arriver jeudi dans ce pays. Dans la région d'Idleb (nord-ouest), des groupes de déserteurs ont attaqué hier deux points militaires à Kafar Haya, prenant en otage des dizaines de soldats. Ils ont en outre tué un certain nombre de soldats lors de confrontations. Avant-hier, les forces du régime ont tué cinq civils en Syrie, dont un enfant de sept ans, "premier martyr de l'année 2012", selon l'OSDH. Par ailleurs, la Suisse a refusé un visa d'entrée à un cousin du président syrien Bachar al-Assad, Hafez Makhlouf, chef des services secrets de Damas, qui voulait rencontrer son avocat en Suisse, selon le journal dominical NZZ Am Sonntag. Hafez Makhlouf s'élève contre les sanctions imposées par la Suisse contre le régime syrien et ses dignitaires et c'est pour cette raison qu'il voulait venir en Suisse pour en discuter avec son avocat, selon le journal.