Des militaires dissidents sur fond de regain de tension dans la capitale yéménite ont affirmé hier que le président Ali Abdallah Saleh cherche à s'accrocher au pouvoir en sabotant l'accord prévoyant son départ fin février. "Les signes d'un complot (contre l'accord du 23 novembre) sont devenus apparents", affirme un communiqué de la 1ère division blindée, commandée par le général Mohsen al-Ahmar, qui avait rallié les contestataires de M. Saleh. Il cite notamment "le refus" des troupes fidèles à M. Saleh d'obtempérer aux ordres de la commission militaire chargée de retirer les armes de Sanaa. Le communiqué affirme que des renforts en hommes et en armes ont été acheminés aux unités loyales dans la capitale. La tension est réelle dans la capitale, ont indiqué des habitants, faisant état de la chute d'obus tirés par des militaires fidèles à M. Saleh, près de la demeure de cheikh Hemyar al-Ahmar, un autre opposant, et de la présence de tireurs d'élites sur les toits et de tirs à al-Hassaba, dans le nord de Sanaa. Du coup, la commission militaire n'a pas pu poursuivre avant-hier la démantèlement des barricades installées par les partisans et les adversaires de M. Saleh dans la capitale. M. Saleh a réuni pendant le week-end ses fidèles pour dire qu'il ne permettra pas un écroulement des institutions de l'Etat après la multiplication de protestations visant à déloger ses fidèles des postes clés du gouvernement et dont l'une a touché le service de propagande de l'armée. Selon des sources politiques, le président Saleh a été pressé par ses partisans de ne pas quitter le Yémen comme il prévoyait de le faire pour faciliter la transition prévue par l'accord du 23 novembre. Les Etats-Unis, où il comptait se rendre, ne semblent pas chauds pour l'accueillir, indiquant étudier toujours sa demande de visa. Conformément à l'accord du 23 novembre, M. Saleh, contesté depuis onze mois dans la rue, a cédé l'essentiel de son pouvoir à son vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi. Un gouvernement de transition a été formé pour la période de transition précédant le départ de M. Saleh à l'issue d'une présidentielle anticipée le 21 février.