Les Etats-Unis ont défini jeudi le rôle élargi qu'ils entendent donner à un nouvel émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, alors que les spéculations allaient bon train sur une possible nomination de Tony Blair à ce poste. Elles ont encore été renforcées par des entretiens que le président George W. Bush a eus jeudi avec celui qu'il présente comme son "ami" et qui a été son allié le plus solide dans la guerre en Irak, au point d'être qualifié par ses détracteurs comme le "caniche" du président américain. En outre, la porte-parole de l'ONU, Michèle Montas, a reconnu que l'idée américaine de nommer un nouvel émissaire du Quartette pour le Proche-Orient et de confier le poste à Tony Blair était "en discussion". "Le sujet est toujours en discussion", a-t-elle dit en réponse à la question d'un journaliste. "Il a été évoqué avec le secrétaire général (de l'ONU, Ban Ki-moon) lors de conversations téléphoniques avec certains membres du Quartette", a-t-elle ajouté. Elle a précisé que M. Ban s'était entretenu au téléphone jeudi avec la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. La Maison Blanche a de nouveau refusé de confirmer ou démentir publiquement les informations pourtant de plus en plus insistantes selon lesquelles elle poussait pour que M. Blair devienne un envoyé spécial pour le Proche-Orient après avoir quitté ses fonctions la semaine prochaine. Mais MM. Bush et Blair se sont parlés au cours d'une vidéoconférence sécurisée pour la signature d'un traité de coopération commerciale et militaire, et une porte-parole n'a pas écarté la possibilité qu'ils aient parlé de l'avenir du Premier ministre. "Ce n'est pas une chose sur laquelle je peux m'exprimer", a dit Dana Perino, faisant valoir qu'ils "se parlent fréquemment". Mais cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas parlé d'autre chose que du traité, a-t-elle admis. A Bruxelles, le porte-parole de M. Blair n'a ni confirmé ni démenti. "Je suis le porte-parole du Premier ministre, pas celui de l'ex-Premier ministre de la semaine prochaine", a-t-il déclaré. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a cependant confirmé que les Etats-Unis ambitionnaient la nomination d'un nouvel émissaire et a même dessiné les contours de la mission qui pourrait échoir à M. Blair. Elle ne serait pas restreinte aux questions économiques comme celle de James Wolfensohn, qui avait démissionné en 2006; l'envoyé superviserait l'élaboration de nouvelles institutions étatiques palestiniennes. Il est "important qu'il existe une structure et des institutions gouvernementales fortes et solides, qui puissent fonctionner au nom des Palestiniens et qui puissent être reconnues comme les institutions d'une démocratie", a-t-il déclaré. "Tous les membres du Quartette sont d'accord sur le fait que c'est une fonction importante à remplir", a-t-il affirmé. "Si on fait une sondage au sein du Quartette, on trouvera certainement du soutien à cette idée du travail à accomplir", a-t-il ajouté. La première réaction européenne a pourtant été glaciale: "Ca a été une surprise d'apprendre ça alors qu'ils n'en ont pas parlé mardi soir lors de la dernière conversation téléphonique du Quartette", a commenté un diplomate européen. Selon ce diplomate ayant requis l'anonymat, les Etats-Unis pourraient avoir dessiné ce poste uniquement pour M. Blair. "Quand on a entendu parler de Tony Blair pour ce poste, beaucoup ont pensé (c'est une mauvaise blague)", a-t-il ajouté.