La crise de la dette pèse désormais de tout son poids sur l'euro, faisant chuter en ce début d'année la monnaie unique qui avait pourtant résisté à la tourmente en 2011, et les analystes sont désormais sceptiques sur les chances d'un rebond face au dollar. En novembre et décembre, alors que s'enchaînaient les "sommets de la dernière chance" en Europe et que montait l'inquiétude sur l'avenir de l'Union monétaire, l'euro était parvenu à se maintenir entre 1,30 et 1,35 dollar, les cambistes optant pour la prudence face à une crise en évolution permanente. Cette semaine, il est tombé sous le seuil de 1,27 dollar pour la première fois depuis septembre 2010, tout en restant encore loin de son plus bas historique (0,82 dollar en octobre 2010). De fait, l'attentisme ne semble plus de mise depuis fin décembre et l'humeur des cambistes rime désormais avec pessimisme avec la montée en puissance des craintes de voir la crise faire de nouvelles victimes, comme l'Italie et l'Espagne. Après les fêtes de fin d'année, "le marché des changes sort d'hibernation" et son attention se concentre plus que jamais sur la crise de la dette en zone euro, notent les analystes de Commerzbank. Pour eux, la pression accrue sur l'euro est "peu surprenante car rien n'a fondamentalement changé" malgré les multiples tentatives des dirigeants européens pour trouver une solution au moment où l'Union européenne (UE) est guettée par un retour en récession. Preuve de la défiance des investisseurs, les taux de financement de la dette de l'Italie et de l'Espagne restent très élevés, alors que le marché obligataire donne désormais le ton au marché des changes. Les craintes de contagion à ces deux pays sont exacerbées par le fait que de nombreux analystes estiment que les capacités du Fonds de secours européen seraient insuffisantes pour leur venir en aide. Et l'euro est dans une position d'autant plus "vulnérable" qu'une contagion au noyau dur de l'Union monétaire, notamment à la France menacée par les agences de notation d'une perte de son précieux triple "A", est loin d'être écartée, relève Jane Foley, analyste chez Rabobank. Pour ne rien arranger, les inquiétudes redoublent aussi sur la santé du secteur bancaire européen, pesant également lourdement sur la monnaie unique. Les tensions sur le marché du crédit interbancaire continuent de s'exacerber, comme le montrent les dépôts des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) qui volent ces derniers jours de record en record. Pour les analystes de CitiFX, l'euro est désormais pris dans une spirale qui devrait l'entraîner sous 1,26 dollar, et jusqu'à 1,25 dollar, "dans les semaines, si ce n'est les jours à venir". "Tant que la BCE n'intervient pas en faisant d'importants achats de dette souveraine, notamment italienne et espagnole, il est difficile de voir comment la confiance pourrait revenir", a prévenu Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com. Le rôle de la BCE dans la résolution de la crise est donc plus que jamais souligné par les économistes, même si le comité de politique monétaire de l'institution semble vouloir maintenir sa posture attentiste. Mais, comme le rappelle Ilya Spivak de la maison de courtage FXCM, la faiblesse de la monnaie européenne n'a pas que des mauvais côtés: elle pourrait aider l'économie européenne à sortir de l'ornière en relançant ses exportations et notamment celles de l'Allemagne, la locomotive de la zone euro.