Un vibrant hommage a été rendu, avant-hier soir, à Brahim Hadj Smail, le journaliste intellectuel, et co-fondateur de la radio France-Maghreb, décédé en novembre dernier à l'hôpital Henri Mondor de Créteil, suite à une maladie. Collègues, intellectuels et proches du défunt se sont relayés sur la scène du Centre culturel algérien pour évoquer, les larmes aux yeux, celui qui fut pour eux tout à la fois un "père, un pédagogue et un professionnel perfectionniste". Le président de Radio France Maghreb, Tarek Mami, a eu du mal à retenir ses émotions lorsqu'il évoqua la mémoire de celui avec qui il fonda en 1987 France Maghreb, une radio généraliste aux regards franco-maghrébins. "A France-Maghreb, on a toujours eu en Brahim un père, un pédagogue et un professionnel perfectionniste", a-t-il confié, affirmant que le défunt était "très attaché à son pays d'origine, l'Algérie". "Même s'il lui arrivait de critiquer durement son pays, il ne tolérait à personne d'autre de le faire. C'est comme s'il voulait en avoir l'exclusivité", a confié le co-fondateur de France-Maghreb. Enchaînant sur le caractère de son ami, il a confié que Brahim avait à la fois une qualité et un défaut qui allaient ensemble. "Le défaut c'est qu'il gueulait tout le temps contre tout le monde. La qualité est que, trois minutes après, il fait de la diversion pour s'excuser indirectement à c'était un gueulard au bon cœur", a-t-il dit. Pour le président de l'institut franco-maghrébin Hal El Andalous de Paris et réalisateur d'émissions sur l'éducation religieuse en milieu laïc sur Radio France Maghreb, Hadj-Eddine Sari, les écrits légués à la postérité par feu Hadj Smail "témoignent de (sa) volonté de dialogue interculturel, de son humanisme et de la reconnaissance de l'autre dans toutes ses dimensions". Il se rappelle avoir reconnu le regretté intellectuel alors qu'il était porte-parole de la Grande Mosquée de Paris, dans les années 1980. "C'est le Père Michel Lelong, initiateur du dialogue islamo-chrétien, qui m'a fait rencontrer mon très cher frère Brahim. Et c'est dans le cadre des tables rondes sur le dialogue des cultures que m'a été présenté le dynamique professeur de français et humaniste que fut Brahim", a témoigné l'intellectuel. Le président-directeur-général de Beur FM, Nacer Kettane, se rappelle, lui, avoir lancé en collaboration avec le défunt, à Créteil, le premier Festival des cultures populaires originaires de l'immigration. "C'est le lien à l'immigration, le lien au soutien à cette communauté algérienne, qui m'a fait connaître le regretté Brahim", a-t-il dit, ajoutant que pour le défunt "l'Algérie éternelle ne commençait pas avec l'islam, mais c'est un mélange de cultures aux opposés de tous les intégrismes, de tous les extrémismes et de tout rejet de l'autre". Enseignant de carrière, Brahim Hadj Smail a consacré l'essentiel de sa vie à la radio, d'abord en Algérie en qualité de journaliste sportif, avant de rallier la France où il cofonda en 1987 France Maghreb. Ses "Billets d'humeur" faisaient sa renommée auprès des auditeurs et son fameux finish "Dormez bien braves gens, la terre tourne, elle continue de tourner, mais elle tourne sans vous, est gravé dans les mémoires. Le studio principal de France Maghreb 2 porte désormais son nom. Son corps repose à El Atteuf, près de Ghardaia, sa ville natale.