La fiabilité de l'Algérie comme fournisseur de gaz naturel à l'Europe n'est plus à démontrer. D'ailleurs, le commissaire européen à l'Energie, M. Andris Piebalgs, a déclaré, à l'issue de la rencontre, jeudi à Vienne, avec le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en marge de la conférence ministérielle UE-Opep, que l'Algérie "a été un fournisseur digne de confiance de l'Union européenne pendant plus de 30 années et nous attendons avec intérêt d'approfondir notre coopération énergétique bilatérale". Aussi, l'Algérie exportera vers l'Europe 23,5 milliards de m3 supplémentaires par an à partir de 2010, une fois mis en service les nouveaux gazoducs qui achemineront le gaz algérien vers l'Espagne et l'Italie. En 2005 l'Algérie, 3e fournisseur de gaz de l'Europe, a exporté vers l'UE plus de 55 milliards de mètres cubes (19,1% des importations de l'UE) et avec les nouveaux gazoducs, les exportations pourraient atteindre 78.5 milliards de mètres cubes. Cet accroissement des exportations se fera à travers les deux gazoducs qui achemineront 8 milliards de m3 chacun. "Medgaz" qui reliera l'Algérie à Almeria sur la côte du sud-est de l'Espagne et "Galsi" qui reliera l'Algérie à Cagliari (Sardaigne, Italie). S'y ajoute le projet d'extension du gazoduc qui lie l'Algérie et l'Italie via la Tunisie qui pourrait acheminer 7,5 milliards de mètres cubes supplémentaires. Selon le commissaire européen à l'Energie, le renforcement de la coopération avec les fournisseurs traditionnels de l'UE, parmi lesquels figure au premier rang l'Algérie, est "une des principales priorités" de la politique énergétique extérieure commune de l'UE. A ce titre, le progrès des projets en cours et la négociation d'un protocole d'accord entre l'Algérie et l'UE ont constitué les principaux sujets abordés lors de la rencontre. Il convient de relever que ces entretiens et la réitération de la reconnaissance de la fiabilité de l'Algérie et de son importance croissante de pays fournisseur majeur de l'UE, interviennent au moment où l'Algérie est en butte à des mesures discriminatoires d'un pays membre de l'UE, l'Espagne, pour la commercialisation de sa part de gaz sur le marché de la péninsule. L'Algérie s'est interrogée sur le mutisme de la Commission européenne face à ce problème. L'Espagne, selon les spécialistes, pratique le principe de deux poids deux mesures et la Commission européenne doit rappeler ce pays à l'ordre. M. José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a estimé que la dépendance énergétique en soi n'est pas nécessairement un risque. C'est le comportement des fournisseurs qui peut l'être, selon lui. La raison est que l'UE a besoin du pétrole et du gaz de ces pays, et eux ont besoin du marché européen. "Cette interdépendance est mutuellement bénéfique tant qu'elle relève du jeu du marché, et non d'une partie d'échec géopolitique". Cependant cette interdépendance se doit d'être bénéfique à toutes les parties. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il n'y a pas plus pragmatique que de mettre en avant les règles du marché, à condition bien sûr qu'elles s'appliquent dans le cas de l'Espagne. L'Union européenne qui ambitionne de signer un accord stratégique avec l'Algérie dans le domaine de l'énergie, se doit d'intégrer dans sa démarche cette notion de l'intérêt mutuelle qui semble faire défaut dans certains pays de l'Union. L'UE devra revoir sa copie d'autant que la demande énergétique mondiale en hausse pourrait augmenter de 60% d'ici à 2030, et les importations européennes passeront de 50 à 70%.