Vieille de 140 ans, “Madame l'Afrique ” comme l'appellent les habitants illettrés du quartier, fera peau neuve. L'édifice qui domine comme Santa Cruz, à Oran, la mer et la terre, sera enfin restauré. Il est vrai que la basilique, qui continue malgré son état de délabrement avancé dû aux vents humides de la grande bleue, au séisme du 21 mai 2003, et aux autres intempéries, de recevoir du monde, mais son allure a dépéri. Ce joyau architectural de pas seulement Alger la Blanche, mais de toute la Méditerranée, est pour certains comme le Sphinx, ce puissant gardien des temples et des nécropoles. Tout un symbole, cette Notre- Dame d'Afrique qui, dès le mois prochain, commencera à prendre une cure de jouvence. Etant entrée dans sa phase active en novembre 2006 avec, notamment le bouclage de son financement, les travaux de restauration seront supervisé, par Xavier David, architecte marseillais qui a mené celle de Notre-Dame de la Garde. Ce n'est pas le seul qui sera sur ce chantier qui sera long (trois ans) et certainement périlleux, mais le projet de cette restauration sera mené par un partenariat à part. Un partenariat algéro-français qui réunira entreprises publiques et privées, Etats et autres mécènes. Ceux qui porteront au cœur cette entreprise de “ renaissance ” d'un patrimoine, qui a uni, dans la foi musulmans et chrétiens, sont nombreux. Il s'agit de l'association diocésaine d'Algérie, la wilaya d'Alger (maître d'ouvrage délégué), l'entreprise Girard (chargée des travaux de la première tranche) ainsi que l'ensemble des sponsors entre sociétés publiques et privées algériennes et françaises. Le projet est également soutenu par le gouvernement algérien, l'Etat français, la municipalité de Marseille, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi que par l'Union européenne. Son budget : 5.270.000 euros hors taxes. L'association diocésaine a d'ores et déjà réuni, à titre d'autofinancement 1,5 million d'euros par voie de mécénat. Le financement public de cette œuvre, qui représente 60% du coût global, est apporté par l'Etat algérien, qui s'est engagé avec 56 millions de dinars, et l'Etat français, en co-financement avec la Région PACA, le département des Bouches du Rhône et la ville de Marseille, contribuant avec 1.320.000 euros. Quant au financement institutionnel et privé de type mécénat (40% de la somme globale), il est collecté auprès de l'Union européenne, Sonatrach, Sonelgaz, Total Algérie, Fondation Gaz de France, Djillali Mehri, Fundazione Monte dei Paschi, Suez-Environnement, Cevital, Groupe Natexis Banques populaires, NCA, Groupe BEL, CIAR, Henkel, Razel Algérie, INGEROP et BAD. Les travaux de la première tranche, ont été confiés par la wilaya d'Alger, suite à un appel d'offres international, à l'entreprise française Girard à laquelle se sont associés des sous-traitants algériens. Le cahier des charges du projet de restauration prévoit, par ailleurs, un chantier-école destiné à former des personnels locaux spécialisés dans la restauration du patrimoine bâti ancien. La formation portera, notamment sur la taille de la pierre, la maçonnerie et la restauration du patrimoine. Construite par l'architecte, Fromageau sur un plan byzantin, la basilique n'était finalisée qu'après 14 années de travaux et fut achevée en 1872. Son plan offre la particularité d'être orienté avec le chœur au sud-ouest (au lieu de l'est habituellement). Même ridée, la basilique a toujours continué de recevoir du monde. Plus de 300 personnes s'y rendent quotidiennement et 100.000 visiteurs par an l'approchent. Que les autres sites patrimoniaux qui servent de logis pour chiens errants connaissent le même sort !