Qui ne connaît pas cette basilique, se profilant au loin sur le promontoire de Bologine ? « Madame l'Afrique » comme aiment à l'appeler les Algérois ; Notre-Dame d'Afrique pour les initiés, connaîtra des travaux de confortement. Après bien des retards, ces travaux seront entamés au plus tard la semaine prochaine. Dominique Henry, chef du projet de restauration, assure que l'archevêque d'Alger qui en a la charge s'est fait fort de mener les tractations avec la collaboration de la wilaya d'Alger. L'édifice, touché de plein fouet par le séisme de mai 2003, « fait peser un réel danger sur ceux qui y transitent ». « Les études d'avant-projet ont été conduites dès 2004 alors que les études de projet, réalisées l'année d'après, ont permis à la wilaya de lancer un appel d'offres international, destiné à choisir l'entreprise la mieux adaptée au chantier et à ses spécificités », assure le chef de projet. « L'entreprise retenue pour la première tranche des travaux est A. Girard, domiciliée à Avignon en France. Les travaux se répartissent en trois tranches. La première prendra fin dans une année alors que les travaux des deux autres ne s'achèveront qu'au début de l'année 2010 », soutient-il. M. Girard qui a mené les travaux de restauration dans l'autre basilique, considérée comme le pendant de celle d'Alger – Notre-Dame de la Garde à Marseille – « est très spécialisé », relève-t-il. Le coût des travaux est estimé à 5 millions d'euros (500 milliards de centimes). Plusieurs institutions se sont donné la main pour mener à bien les travaux. En plus de l'association Diocésaine et de la wilaya d'Alger, plusieurs collectivités françaises ont participé au montage financier. Ainsi, dans le cadre de la coopération décentralisée, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur dont les élus ont effectué plusieurs visites à Alger se sont entendus avec les services de la willaya d'Alger sur les opérations à mener. S'y ajoutent les aides apportées par l'Etat français et l'Union européenne. « Des donateurs privés ou institutionnels apportent un financement de mécénat, sans lequel le projet ne pourrait aboutir. C'est donc un vaste projet de coopération qui se met en place », signale-t-on encore. Les travaux s'inscrivent, soutient Dominique Henry, dans ce « partenariat d'exception ». Pour ses initiateurs « de part et d'autre de la Méditerranée, entre les terres qui en constituent les rivages, des échanges séculaires se sont tissés, sans que soient jamais reniées les identités profondes de chacune d'entre elles ». Les travaux s'expliquent par la nécessité de « renforcer les liens entre deux mondes méditerranéens, chacun attaché à sa culture en reconnaissant l'intérêt de partager celle de l'autre, dans l'interdépendance de deux identités. La sauvegarde de ce patrimoine historique, culturel, architectural – sans laquelle la pérennité du bâtiment serait rapidement compromise – n'a d'autre signification que celle du rapprochement des communautés et la construction d'un espace méditerranéen porteur d'avenir et de fraternité entre tous ceux qui aiment la terre d'Algérie. » Travaux de restauration jusqu'à 2010 Située sur la commune de Bologhine, au sommet d'un promontoire dominant la mer, la basilique Notre-Dame d'Afrique est l'œuvre de Jean Eugène Fromageau, de l'école éclectique qui en a fait l'une des plus belle basiliques au monde. Le gros œuvre de cette basilique fut achevé en 1866, sa consécration n'est intervenue qu'en 1872. Celui qui en est le propriétaire est l'association Diocésaine d'Algérie, agréée en 1974. « Le style éclectique, inspiré par des références romanes, byzantines et mozarabes, apparaît dans cet édifice religieux. On peut apercevoir à l'avant un narthex à trois coupoles et deux portes ; et à l'arrière, un campanile en forme de minaret maghrébin, édifié sur une sacristie. L'esplanade donne sur la mer en raison du choix ingénieux fait par l'architecte. La basilique est construite, relève-t-on, sur un plan en croix latine, avec chœur trilobé, aux absides placées entre de puissants contreforts et couronnées de demi-dômes. La croisée du transept est surmontée d'une tour lanterne à dôme. Les quatre tourelles d'escalier sont terminées par de petites coupoles sur tambour en colonnade. Une frise en céramique bleu et blanc en partie haute constitue le principal ornement de l'édifice, sobrement décoré. Les travaux de restauration de la basilique sont divisés en trois tranches fonctionnelles, correspondant aux trois grands ensembles qui constitueront la basilique », informe M. Henry. « Les travaux ne toucheront que l'extérieur de l'édifice. Ils concerneront le tome et le minaret, soit la partie qui donne sur la mer », précise Dominique Henry en soutenant que les activités s'y dérouleront toujours. L'ordre de service pour la première tranche a été donné le 25 avril par la wilaya. Après une étape consacrée à la réunion des matériaux et matériels indispensables, seront engagés les travaux qui dureront jusqu'au début de l'année prochaine. La deuxième tranche touche l'ensemble chœur : « Le chœur trilobé est surmonté de la tour lanterne, avec son grand dôme et les trois demi-dômes des absides. Cet ensemble, en raison de sa grande hauteur et de sa composition en courbes et sphères, mobilisera des techniques et des moyens spécifiques. » La seconde tranche doit être engagée en continuité avec la première « pour des raisons techniques et d'économie de moyens ». Elle durera un peu plus d'un an (début 2008 - mi 2009). Le dernier ensemble de l'édifice est composé d'un petit bâtiment en croix et d'un haut campanile. Sa grande hauteur et les petits dômes ainsi que ses façades planes le caractérisent. Les travaux de la première tranche programmée (porche et nef) sont confiés à l'entreprise A. Girard qui a un tableau de chasse bien garni. Celle-ci « a été choisie par les instances de wilaya à la suite d'un appel d'offres international. Cette société qui a son siège social à Avignon (France) ouvre un établissement secondaire à Alger pour les besoins de la restauration de la basilique », assure notre interlocuteur. Fondée en 1910, l'entreprise, spécialisée dans le bâtiment, n'a cessé de connaître des succès. « Très tôt, l'entreprise s'est vu confier de grands chantiers de restauration dans le domaine des monuments historiques, comme le Théâtre antique d'Orange (France). Son savoir-faire lui permet aujourd'hui d'intervenir sur différents chantiers de renom dans tout le sud de la France, tels le Palais des Papes à Avignon, les Anciens hospices de la charité à Marseille ou encore l'Hôtel de Ville d'Aix-en-Provence », dira-t-on « L'entreprise vient d'achever après trois ans de travaux la réhabilitation de la basilique Notre-Dame de la Garde, à Marseille », relève le chef de projet. Il assure que des sous-traitants algériens seront associés « avec l'accord de la wilaya aux travaux de restauration par l'entreprise A. Girard chaque fois que ce sera possible ». Cette institution suivra les travaux de restauration. L'appel d'offres lancé par ses soins respecte le cahier des charges établi selon les prescriptions données par l'architecte maître d'œuvre, Xavier David. Le travail de la wilaya ne s'arrête pas là, puisqu'elle veille à la bonne exécution des travaux, s'assure du respect des délais et des coûts, pour le compte de l'association Diocésaine d'Algérie, maître d'ouvrage. Elle contrôle les facturations et donne les ordres de paiement à l'entreprise, au nom de celle-ci. Aussi, elle assure au terme du chantier la réception des travaux. La basilique Notre-Dame d'Afrique fait partie du patrimoine de l'Algérie. Le souci de préserver ce patrimoine impose que chaque technique soit mise en œuvre par des spécialistes compétents, indique-t-on. Ces techniques, traditionnelles ou innovantes, toutes respectueuses de l'authenticité de l'édifice, sont diverses. Le cahier des charges du projet de restauration de la basilique Notre-Dame d'Afrique prévoit que l'entreprise chargée des travaux associera un chantier-école au chantier de la restauration. Le chantier-école est destiné à former des personnels spécialisés dans la restauration du patrimoine bâti ancien. Une fois le chantier achevé, le personnel ainsi formé sera disponible pour d'autres chantiers de restauration du patrimoine à ouvrir en Algérie. « L'entreprise française retenue ramènera avec elle 15 ouvriers spécialisés, auxquels s'ajouteront une dizaine d'autres Algériens. L'équipe comptera quelque 35 ouvriers », nous affirme Dominique Henry.