Les 24 ouvriers chinois et leur traducteur ont été libérés a annoncé, avant-hier, l'ambassade de Chine au Caire. Le groupe avait été pris en otage la veille par les habitants de la région d'El-Arich, alors que les employés se rendaient en bus sur leur lieu de travail. La diplomatie chinoise insiste ce matin sur le fait que les 25 chinois étaient " détenus " et non " kidnappés ". Une manière de dédramatiser la situation alors que 29 ouvriers chinois sont toujours retenus en otage par des rebelles au Soudan et que l'opinion publique en Chine demande des comptes. Dans la pluie de commentaires sur internet qui a suivi cette dernière série d'enlèvements, c'est encore l'idée d'un manque de fermeté des autorités chinoises qui domine. " Dans le monde entier on aime kidnapper les Chinois, affirme Lu Sinning sur la télévision Phoenix. Pourquoi les Chinois sont considérés comme une monnaie d'échange ? S'interroge le commentateur. Avant de donner sa réponse : " Parce que la Chine est moins dure que les autres pays, c'est plus facile pour les négociations. Et les Chinois sont plutôt riches ". Cet argument est repris en boucle sur les sites nationalistes et dans les commentaires des articles parfois racistes, heureusement minoritaires et très vite nettoyés des forums. Beaucoup s'interrogent plus sereinement sur la présence des travailleurs chinois dans certaines zones à risques, boudées par les compagnies étrangères ainsi que sur la rapidité des secours. Vingt-neuf ouvriers chinois sont toujours retenus par les rebelles au Soudan. Des bédouins égyptiens prennent 25 travailleurs chinois en otage Des bédouins égyptiens ont pris en otage 25 travailleurs chinois, avant-hier, dans une usine de ciment au Sinaï pour réclamer la libération de cinq de leurs détenus en lien avec des attentats dans la péninsule entre 2004 et 2006, a annoncé un responsable de la sécurité. Les travailleurs chinois, des techniciens et des ingénieurs et un interprète employés dans cette usine appartenant à l'armée à Lehfen, dans le centre du Sinaï, ont été enlevés, avant-hier matin, alors qu'ils se rendaient à leur travail, ont précisé le responsable et la presse officielle chinoise. Les Chinois ne seront pas libérés avant que nos revendications aient été satisfaites, a déclaré l'un des bédouins, que réclament la libération de cinq des leurs détenus en lien avec un attentat en 2004 contre la station balnéaire de Taba. Selon eux, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute il y a près d'un an du président Hosni Moubarak, a déjà plusieurs fois promis de libérer les prisonniers bédouins. Les travailleurs chinois sont pour l'instant retenus dans une tente à Lehfen, où des manifestants bédouins bloquent depuis trois jours l'autoroute reliant le nord et l'est de la péninsule, selon des bédouins. Ils sont en bonne santé et certains peuvent communiquer par téléphone portable, selon un responsable de l'ambassade de Chine au Caire cité par la presse. Un responsable de la sécurité a précisé que des discussions étaient en cours avec des sages bédouins pour trouver une solution à la crise. L'ambassadeur de Chine au Caire, Song Aiguo, a contacté les autorités égyptiennes pour leur demander de régler l'incident et d'obtenir la libération des otages, en s'attachant surtout à préserver leur sécurité, selon la presse chinoise. Entre 2004 et 2006, les stations balnéaires égyptiennes de Charm el-Cheikh, Taba et Dahab sur la mer Rouge avaient été visées par des attentats qui avaient fait 130 morts au total et fortement nui au tourisme, l'une des principales sources de devises pour le pays. L'insécurité est en hausse dans la région du Sinaï depuis le renversement du régime de Hosni Moubarak en février 2011, qui s'est traduit, dans la péninsule comme ailleurs dans le pays, par un désengagement de la police, mise en cause lors de la révolte. La situation dans le Sinaï est rendue encore plus délicate par la faible présence de l'armée, aujourd'hui au pouvoir, en raison de la démilitarisation de ce secteur prévue par les accords de paix israélo-égyptiens de 1979. Le gazoduc qui traverse le nord-Sinaï pour alimenter Israël et la Jordanie a été la cible d'une dizaine d'attentats en un an, non-revendiqués mais pour lesquels la piste d'actes de bédouins voulant faire pression sur le pouvoir égyptien est souvent évoquée, de même que celle de groupes islamistes. Les tensions dans le Sinaï sont également souvent imputées au retard économique de cette région désertique et excentrée, que la population locale impute souvent à l'indifférence du pouvoir du Caire. Cette affaire survient alors que 29 ouvriers chinois sont retenus depuis samedi par des rebelles soudanais au Kordofan-Sud, théâtre de violents combats depuis juin. La Chine a émis une protestation officielle auprès de Khartoum en envoyant une équipe sur place pour tenter de dénouer la crise.