L'agence de notation financière Moody's a fait part, avant-hier, d'un suivi particulier de la situation des géants de l'électronique japonais Sony et Panasonic, dont la note de la dette était déjà menacée, du fait de l'annonce la semaine dernière de perspectives financières catastrophiques. Moody's craint que les revenus de Sony restent faibles et volatils en cas d'absence de stratégie efficace pour faire face aux défis structurels auxquels est confronté le groupe. "La banalisation et la maturité des produits audiovisuels numériques de Sony, la féroce concurrence mondiale et la cherté du yen continuent à peser sur les revenus provenant du cœur de métier du groupe" a souligné Moody's dans un communiqué. En particulier, les pertes liées à l'activité des téléviseurs constituent un problème majeur récurrent, a ajouté l'agence. Amélioration de rentabilité peu probable Depuis huit ans, Sony ne dégage pas un yen de profit sur la vente de ses TV. Si une amélioration significative de la rentabilité de Sony apparaît peu probable durant l'année budgétaire à venir, une dégradation pourrait avoir lieu dans un délai relativement court, prévient Moody's. Compte tenu de la restructuration de l'industrie mondiale des téléviseurs, du risque de poursuite d'une faible demande, d'un yen fort et d'une concurrence intense, Moody's se dit en outre de plus en plus préoccupée par la santé de Panasonic, compatriote de Sony subissant les mêmes affres. L'agence, qui avait déjà baissé la note de Panasonic le 20 janvier, dit ne pas considérer que le profil financier de l'entreprise soit actuellement compatible avec la note A2, la sixième meilleure sur une échelle à 19 crans. "Si des améliorations significatives n'apparaissent pas rapidement durant l'année budgétaire qui débutera en avril, la note pourrait être baissée", prévient clairement l'agence. Moody's estime que la restauration de la rentabilité des segments de la télévision et des semi-conducteurs, via une restructuration déjà entamée par Panasonic, sont indispensables pour que le groupe recouvre la forme. Perte historique Panasonic a annoncé cette semaine qu'il s'attendait à terminer l'exercice 2011-2012 sur une perte nette historique de 780 milliards de yens (7,8 milliards d'euros) à cause de ventes en baisse, des effets du séisme au Japon, de la hausse du yen, des inondations en Thaïlande, de la concurrence et de charges exceptionnelles. Le groupe prévoyait auparavant d'essuyer un déficit net de 420 milliards de yens (4,2 milliards d'euros), mais sa situation s'est aggravée alors qu'il est en train de digérer l'absorption des filiales Sanyo et Panasonic Electric Works et obligé de procéder à une vaste restructuration touchant notamment la division des dalles de téléviseurs. Confronté à une situation exécrable, Panasonic, dont la note a été dégradée d'un cran, avant-hier, par l'agence Fitch à BBB- (10e en ordre décroissant) a prévenu qu'il allait accentuer la réorganisation en cours, ce qui se traduira par un surcroît de frais afférents de 250 milliards de yens (2,5 milliards d'euros).