Swisscom a vu son bénéfice net chuter à 694 millions de francs l'an passé, amputé de près de 1,1 milliard à cause de sa filiale italienne Fastweb. Le chiffre d'affaires du premier opérateur suisse a fléchi pour sa part de 4,3% à 11,46 milliards. Pendant l'exercice 2011, le bénéfice d'exploitation (EBITDA) a reculé de 0,3% à 4,58 milliards de francs, a annoncé cette semaine le géant bleu. Le chiffre d'affaires s'est replié de 250 millions en raison des effets de change. Au premier semestre, le résultat net se montait encore à 1,53 milliard. Le repli du bénéfice net de 61,2% est dû à la correction extraordinaire de la valeur comptable de sa filiale italienne Fastweb, communiquée mi-décembre. En raison de la crise de la dette, de la saturation des marchés du haut débit et des défaillances de créances importantes, celle-ci a grevé de 1,2 milliard le résultat net du groupe. Erosion des prix L'érosion des prix chiffrée à quelque 500 millions de francs dans l'activité principale en Suisse n'a pas été compensée par la croissance de la clientèle et du volume d'environ 400 millions. Hors Fastweb, le chiffre d'affaire s'est replié de 1,1% à 9,3 milliards de francs. Pour le patron de Swisscom, cette pression à la baisse sur les tarifs ne constitue pas une fatalité: "Elle a pour corollaire de générer plus d'utilisateurs et de trafic", a souligné Carsten Schloter devant la presse à Zurich. L'an dernier, le nombre de clients de téléphonie mobile en Suisse a cru de 3,8% pour atteindre les 6 millions. Swisscom TV a pour sa part gagné 44% en nouveaux clients et les offres combinées 51%. L'opérateur historique compte désormais 2 millions de smartphones actifs sur son réseau (+63%). Or, si le trafic des données mobiles a doublé en l'espace d'une année, le prix moyen du mégaoctet, lui, a diminué de 40%. Au final, le segment progresse de 11,5% à 485 millions de francs. Pour Fastweb, la guerre des prix dans la Péninsule a rogné son chiffre d'affaires net de 7,1% à 1,7 milliard d'euros (2 milliards de francs). D'ici à deux ans, la filiale transalpine devra réduire ses coûts de 120 millions d'euros. Investissements massifs En 2011, Swisscom a augmenté ses investissements en Suisse de 17,2% à 1,5 milliard de francs, notamment dans le développement du réseau à fibre optique. "Notre pays, rappelle l'opérateur, tient le 4e rang parmi les pays industrialisé en termes d'investissements par habitant dans l'infrastructure de télécommunication." L'an passé, les effectifs du groupe ont gagné 2,6%, dont 564 postes supplémentaires en Suisse, grâce notamment à l'extension du réseau et aux rachats de sociétés. Pour 2012, Swisscom entend poursuivre ses investissements massifs à hauteur de 2,2 milliards de francs, dont 1,7 milliard sur le marché domestique. Ces dépenses excluent l'acquisition aux enchères des fréquences de téléphonie mobile. En Suisse, un logement ou commerce est raccordé toutes les deux minutes au réseau à fibre optique, totalisant environ 10% des foyers fin 2011. Le géant bleu se donne pour objectif d'équiper près d'un tiers des ménages d'ici à fin 2015. Ces raccordements, en partie réalisés avec des entreprises tiers, ont suscité l'intervention de la Commission de la concurrence (COMCO). Celle-ci doit notamment se prononcer sur le cas de Fribourg, a précisé Carsten Schloter. Ailleurs, les contrats renégociés attendent le feu vert politique, comme à Genève. Perspectives prudentes Pour l'exercice 2012, l'érosion persistante des prix devrait encore dominer. Ainsi, Swisscom table sur un chiffre d'affaires net de quelque 11,4 milliards de francs, soit en légère baisse, et sur un EBITDA de 4,4 milliards. Ces prévisions ont déçu les analystes contactés par l'agence financière AWP, qui espéraient des pronostics jusqu'à 5% supérieurs. En outre, le dividende de 22 francs maintenu pour 2013 est également jugé décevant. Pour mémoire, la Confédération est l'actionnaire majoritaire de Swisscom. L'action Swisscom perdait 2,86% vers 15h00 à la Bourse suisse, à 357,10 francs, dans un marché SMI en hausse.