La banque Société Générale a annoncé cette semaine un bénéfice net 2011 de 2,38 milliards d'euros, en chute de 39% du fait de la baisse des résultats de sa banque de financement et d'investissement et de nombreux éléments liés à la volonté de l'établissement de se renforcer. Ce résultat est inférieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice de 2,72 milliards. Au quatrième trimestre, le bénéfice net de la banque rouge et noire est tombé à 100 millions d'euros, une chute de près de 87% qui s'explique notamment par les mauvaises performances de la banque de financement et d'investissement. Affectée par la situation très dégradée sur les marchés financiers en fin d'année, elle enregistre une perte de 482 millions d'euros entre octobre et fin décembre. Sur l'année, son résultat perd 63% à 635 millions d'euros. La banque de détail en France a également souffert, affichant un résultat stable au quatrième trimestre à 302 millions d'euros, qui a toutefois progressé de près de 16% en 2011 à 1,4 milliard d'euros. Le produit net bancaire du groupe a atteint en 2011 25,6 milliards d'euros, en baisse de 3% par rapport à 2010. Le groupe a clairement donné la priorité au renforcement de ses fonds propres, auquel participe le non versement de dividende au titre de 2011, annoncé en novembre et confirmé cette semaine. La SocGen a "réduit en quelques mois son bilan de façon très significative en cédant de manière ciblée des actifs de la banque de financement et d'investissement pour remédier à la raréfaction de la liquidité en dollar US et réduire les besoins de capital", a expliqué son P-DG, Frérédic Oudéa, cité dans un communiqué. Résultat, il peut désormais, comme son concurrent BNP Paribas, se targuer d'avoir atteint avant l'heure le seuil de 9% de ratio de fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits accordés), exigé par le régulateur européen (EBA) d'ici fin juin. Le groupe se dit aussi "confiant" sur sa capacité à atteindre un ratio de 9% suivant les critères dites de Bâle III, plus exigeants, d'ici fin 2013. La banque a accéléré la vente des actifs à risque gérés en extinction, réduisant les encours de 16,1 milliards d'euros. Ces titres, devenus indésirables avec l'explosion de la crise du "subprime" et logés dans la BFI, s'élevaient à 33 milliards d'euros en 2010. La restructuration engagée, notamment dans sa BFI où 1.500 postes seront supprimés dont 880 en France, s'est traduite par une charge de 176 millions d'euros. A l'inverse, la réévaluation de sa propre dette, conséquence des doutes des investisseurs, a rapporté au groupe 1,2 milliards d'euros, dont 700 millions rien qu'au dernier trimestre. Société Générale a par ailleurs passé une provision supplémentaire sur la dette souveraine grecque qu'elle détient, de 162 millions au quatrième trimestre (890 millions sur l'année). La banque a appliqué une décote de 75%, soit au-delà des 70% environ de perte prévue par le plan d'échange de dette conclu entre la Grèce et ses créanciers privés. Tous ces éléments exceptionnels, qui comprennent aussi des dépréciations d'écarts d'acquisition, des réévaluations de portefeuilles et des cessions d'actifs, ont eu un impact de 853 millions d'euros sur le bénéfice net.