Fin n Le mot n'est vrai et extraverti que s'il est élégant, fin et démonstratif. Les rencontres poétiques en hommage à Djamel Amrani, A front-tiers de poésie, une manifestation initiée par Samira Negrouche, présidente de l'association Cadmos, ont pris fin, jeudi, en apothéose poétique, tant en vers qu'en musique. C'était une expression plurielle, vaste et profonde. Une lecture de poèmes donnée par une pléiade de poètes a subjugué l'assistance. Chacun d'eux – Abdelmadjid Kaouah, Pierre-Yves Soucy, Hadjira Oubachir, Abderazak Boukeba, Rifaât Sallam, Liliane Giraudon, Patrizia Cavalli –, a déclamé en arabe, en français, en tamazight ou en italien des poèmes et a partagé avec le public des instants de grande écoute. Pour clôturer ces rencontres, un récital musical aux accents helléniques a entraîné l'assistance dans un fabuleux périple à travers les îles légendaires grecques. Angélique Ionatos, avec sa guitare et accompagnée d'un violoniste et d'un accordéoniste, a chanté dans sa langue millénaire, langue des philosophes et des mythologies, des poèmes de poètes jouissant d'une grande notoriété en Grèce. Lors de ces rencontres – une délectable aventure que l'on espère se renouveler chaque année – se sont associés aux lectures de poèmes des performances musicales et des spectacles de scènes, autant d'expressions et de gestes liés à la poésie. La poésie y a été pleinement exploitée jusqu'aux moindres replis et ce, dans ses différents langages et aspects. Car l'art est, en lui-même, une poésie, l'expression poétique du réel, une quête continuelle de l'esthétique, voire du beau ; et la poésie est l'incarnation achevée du beau, de l'harmonieux. Des poèmes ont été déclamés pendant ces journées dans différentes langues (grecque, italienne, arabe, française, amazighe…), et l'important dans cette verve poétique, ce ne sont pas les mots, encore moins leur sens et leur contenu, mais leur beauté et leur musicalité, des mélodies éthérées et d'une grande sensibilité. Et une fois saisi toute cette plasticité du verbe, l'on a ainsi compris le mot, sa signification non pas dans sa dimension matérielle, mais dans sa véracité spirituelle. Car le mot n'est vrai et extraverti que s'il est élégant, fin et démonstratif. C'est-à-dire harmonieux, voire poétique.