Après trois jours de débats, le programme du gouvernement a été adopté, jeudi, à une majorité écrasante, par les députés de la chambre basse du Parlement, avec 315 voix. Néanmoins, 22 députés ont voté non, dont ceux du RCD, et 33 autres ont préféré s'abstenir, dont les députés du Parti des travailleurs. Les députés qui ont insisté au cours de ces débats sur les questions sociales et économiques, les réformes engagées dans plusieurs secteurs et la révision de certaines lois liées au pluralisme et à la démocratie, ont eu droit à des réponses générales portant essentiellement sur l'engagement de l'exécutif à poursuivre les réformes engagées depuis 1999, notamment celles des finances, de la justice et de l'éducation et continuer d'appliquer les différents programmes de développement local afin de répondre aux besoins des citoyens et améliorer leur niveau de vie. Le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a préféré laisser les différentes questions liées à plusieurs secteurs à ses ministres qui auront, selon lui, l'occasion de répondre aux préoccupations des parlementaires. Pour soulager la population du sud du pays, une révision prochaine des tarifs de l'électricité, que ce soit pour la consommation des ménages ou celle destinée à l'activité agricole et industrielle, est prévue. M. Abdelaziz Belkhadem a affirmé, également, que son gouvernement fera participer les députés à toutes les activités locales. "Des instructions seront données par le gouvernement aux walis pour faire participer les députés dans les différentes activités locales". Il a ajouté qu'une autre instruction sera donnée aux walis pour informer les députés du programme de développement de chaque wilaya. Il a aussi instruit le ministre des Relations avec le Parlement de poursuivre le travail entrepris par son prédécesseur concernant les concertations avec les députés. Les députés auront donc la liberté d'exercer leur contrôle sur les activités du gouvernement, ainsi que "les meilleures conditions afin de mener la mission que leur a confiée le peuple" a-t-il ajouté, avant de souligner que la feuille de route du gouvernement porte particulièrement sur l'accélération de l'application du programme du chef de l'Etat d'une manière raisonnable et respecter les délais de la mise en œuvre. Le chef du gouvernement est revenu sur les critiques apportées par les députés sur la différence entre sa présentation qui a constitué un bilan et le programme soumis au débat. A cet effet, il a souligné que ce choix était une façon de donner plus de précisions sur le travail du gouvernement en se basant sur des chiffres précis. Quatre points ont été évoqués d'une manière globale par le chef du gouvernement, notamment le développement local les réformes économiques, le développement des ressources humaines et enfin la bonne gouvernance. Pour ce qui est du 1er point , il a souligné que le Plan national d'aménagement du territoire et de développement durable fera l'objet d'un projet de loi qui sera soumis à l'APN pour débat, dès l'élaboration de sa mouture finale. Il a expliqué que ce plan comporte 19 plans sectoriels, et mettra un terme à la précipitation et à la discrimination dans le processus de développement national. En outre, il a rappelé la série de réunions tenues par l'exécutif avec les walis, pour évaluer la situation socioéconomique des wilayas, cerner les dysfonctionnements et entraves et mettre en œuvre les mesures nécessaires pour y remédier. Dans ce cadre, il a précisé que le gouvernement a passé en revue la situation de 14 wilayas des Hauts-Plateaux et du Sud et a pris un train de mesures pour faciliter le développement en mobilisant les ressources financières nécessaires dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Ces rencontres seront sanctionnées par une réunion entre le gouvernement et les walis, en vue de définir le cadre réglementaire pour entreprendre les réajustements nécessaires afin d'impulser une nouvelle dynamique de développement. Il a affirmé qu'un intérêt particulier est porté aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux, à travers, notamment, la mise en place de fonds spéciaux, pour les doter en infrastructures de base et y améliorer le cadre de vie. Tout en rappelant qu'une enveloppe de 493 milliards de dinars a été affectée aux wilayas du Sud et une autre d'un montant de 692 milliards dinars a été consacrée à celles des Hauts-Plateaux. Réagissant à la crise du lait et aux prix élevés de la pomme de terre, M. Belkhadem a rappelé que la matière premières de ces produits est importée, ce qui laisse dépendre du marché international, tout en annonçant qu'un budget complémentaire sera alloué au secteur de l'agriculture afin d'assurer au moins l'autosatisfaction en produits agricoles locales. La réalisation d'un million de logements englobe toutes les communes Concernant la crise du logement, il a affirmé que le programme de réalisation d'un million de logements a été élargi, pour toucher à présent toutes les communes du pays et ce, à travers différents programmes. M.Belkhadem a précisé que 543 000 logements sont en cours de réalisation, soulignant que le gouvernement entreprendra, chaque fois que cela s'avérera nécessaire, la réalisation de nouveaux programmes. Il a également rappelé que 450 000 logements sont consacrés aux zones rurales et 90 000 unités aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Pour ce qui est du logement participatif, le chef de l'exécutif a relevé que ce type de logements fait l'objet d'une forte demande dans le nord du pays, et non les régions Sud et des Hauts-Plateaux. Ce qui a amené le gouvernement à la reconversion des logements dans ces régions en logements ruraux. Concernant les logements non attribués, il a affirmé avoir pris plusieurs mesures à ce sujet, ce qui a permis de réduire le nombre de logements non distribués, qui est tombé à 25 000 unités alors qu'il était de 50 000 unités durant les années précédentes. Abordant le dossier de l'habitat vétuste et de l'habitat précaire, il a expliqué qu'une enveloppe budgétaire a été consacrée à cet effet et que l'expertise et le contrôle de ces habitations, ont été entamé et ce, afin de déterminer l'envergure des travaux à entreprendre. L'opération qui a été lancée à Alger, Oran, Constantine et Annaba, s'élargira par la suite aux autres wilayas. Le gouvernement œuvre à franchir la dernière étape avant l'adhésion à l'OMC Concernant l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, qui est passée par 9 rounds déjà, le chef du gouvernement a indiqué que l'exécutif œuvre, actuellement, à franchir la dernière étape avant l'adhésion de l'Algérie à cette organisation. Il a ajouté qu'il ne reste plus qu'à traiter certains points relatifs aux aspects techniques et à l'accès aux marchés. Dans ce cadre, il a affirmé que le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC se poursuit de façon rationnelle, loin de toute précipitation qui serait préjudiciable à l'économie nationale. Il a aussi tenu à préciser que l'adhésion à l'OMC n'est pas une fin en soi, mais vise à asseoir, sur des bases solides, les réformes économiques inspirées de la volonté nationale. Pour ce qui est de l'accord d'association signé entre l'Algérie et l'UE, entré en vigueur en septembre 2005, M. Belkhadem a précisé que son principal objectif est de relancer le partenariat entre les entreprises algériennes et européennes, assimiler le développement technologique conformément aux normes internationales, la réalisation d'une intégration économique nationale croissante dans les marchés internationaux. Outre le fait qu'il accorde aux entreprises algériennes le temps nécessaire de s'adapter à la concurrence qu'impose le marché, l'accord d'Association offre, également, à l'Algérie des mécanismes de réajustement qui l'habilite à prendre les mesures propres à protéger la production nationale. Il a révélé que toutes les plaintes des opérateurs économiques algériens sont étudiées par la commission technique installée au niveau de la Caci pour défendre leurs droits. "Le dossier des salaires impayés touche 52.000 travailleurs" Pour ce qui est des salaires, M. Belkhadem, a indiqué qu'il a été procédé, le 15 mai dernier, au transfert des avoirs pour régler ce problème. Il a ajouté que le dossier des salaires impayés, finalisé le 30 mai dernier, concerne 226 entreprises économiques regroupant 52.345 travailleurs en affirmant que "l'enveloppe financière consacrée aux salaires impayés s'élève à 5 milliards 200 millions de DA". Il faut noter que la contradiction des chiffres dans ce dossier est évidente. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh a parlé de 27.000 travailleurs concernés et M. Djenouhet, secrétaire national chargé de l'organique au niveau de la Centrale syndicale, évoque, quant à lui 32 000 travailleurs. Un avant-projet de loi régissant la profession d'avocat en voie d'élaboration Réagissant à la grève des robes noires, le chef du gouvernement a annoncé qu'un avant-projet de loi régissant la profession d'avocat est en élaboration au niveau du ministère de la Justice et sera présenté prochainement au gouvernement. Pour ce qui est des droits de la défense, il a indiqué que lors de la dernière réunion entre les cadres du ministère de la Justice et le Syndicat national des avocats, il a été décidé l'élaboration de cet avant-projet de loi qui viendrait réglementer et renforcer ces droits. Avant de conclure que le gouvernement a prévu la création d'un centre national de formation des auxiliaires de la justice qui permettra notamment aux jeunes avocats de bénéficier d'une formation. "Mettre en place un dispositif régissant le processus d'ouverture de l'audiovisuel" Le chef du gouvernement a également évoqué le dossier de la communication. A ce titre, il a souligné que les réformes engagées dans ce secteur visent à mettre en place un dispositif technique et organique régissant le processus d'ouverture de l'audiovisuel. Pour ce faire, le gouvernement aura à déterminer des phases de préparation et de transition en vue de réunir les conditions nécessaires à la réussite de ce projet. Il engagera au préalable plusieurs actions, dont notamment le renforcement de l'Entreprise publique nationale de la radio et de la télévision, à travers le développement des capacités de production, la diversification des programmes, la création de nouvelles chaînes thématiques et la modernisation des réseaux de diffusion. Pour ce qui est de l'adoption du projet de Télévision numérique terrestre (TNT) qui est au stade expérimental depuis plus d'une année, elle sera mise en service l'année prochaine. Celle-ci représente d'ailleurs " une occasion pour la consécration de la liberté d'exercice dans le domaine audiovisuel ". M. Belkhadem ajoutera que l'activité dans le secteur audiovisuel doit s'exercer en toute liberté, ajoutant que le gouvernement poursuivra l'application des modes d'octroi d'aides aux opérateurs et coopératives exerçant dans le domaine de l'audiovisuel. Concernant le statut particulier des professionnels de la presse, il a souligné que celui-ci constitue pour le gouvernement une priorité fondamentale, assurant que "cette préoccupation est en cours d'étude actuellement". Par souci d'améliorer les capacités du secteur, notamment à travers la libération des initiatives, le chef de l'Exécutif a rappelé que le gouvernement "a procédé à l'élaboration d'un dispositif législatif et réglementaire à même de consolider l'encadrement des activités du secteur". S'agissant de la liberté d'expression, il a affirmé que celle-ci est garantie par les textes fondamentaux du pays. Concernant les réformes économiques, il a précisé qu'elle posent le double défi de la mise à niveau de l'économie nationale en vue de l'adapter aux normes internationales et garantir son intégration dans l'économie mondiale, et de son développement permanent en vue de réaliser une croissance durable génératrice de richesses et d'emplois. Tout en affirmant la poursuite de la privatisation. L'ONS n'est pas un parti politique M. Belkhadem est également revenu sur le taux de chômage. Il affirmera, dans ce contexte, que le chiffre de 12 % n'est pas à remettre en cause, en affirmant que l'ONS n'est pas un parti politique et que les statistiques sont conformes aux normes internationales. S'agissant de la réforme de la justice et la lutte contre la corruption, il a précisé que l'éradication du fléau de la corruption "requiert la conjugaison des efforts de toutes les catégories de la société", en rappelant l'adoption de la loi portant sur la prévention et la lutte contre la corruption, "comporte une série de mécanismes susceptibles de mettre fin à ce fléau". Concernant la lutte contre la criminalité, il a précisé que les mutations socioéconomiques qu'a connues l'Algérie "ont donné lieu à des formes inédites de criminalité outre la recrudescence du banditisme et des enlèvements". A cet effet, l'exécutif a prévu "la mise en place de mécanismes législatifs et réglementaires établis conformément aux méthodes et techniques en vigueur de par le monde, dont le lancement à brève échéance permettra de renforcer la sécurité". Le chef du gouvernement a précisé que ces mécanismes consistent, essentiellement, à élargir la compétence territoriale de la police judiciaire et de certaines juridictions, de manière à répondre aux exigences de la lutte contre ce type de crime qui se caractérise par son organisation et sa complexité. S'agissant de l'émigration clandestine, par voie maritime, de citoyens algériens (communément appelés harraga) vers l'Europe, il a indiqué que ce phénomène "est apparu en 2006", ajoutant que des mesures de prévention et de lutte ont été prises au niveau des wilayas concernées. Des initiatives ont été en outre, prises en coordination avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale en vue de prendre en charge les jeunes Algériens dans le cadre des dispositifs de soutien à l'emploi.