Les cours du pétrole ont fini en nette hausse, avant-hier, à New York à la faveur des tensions toujours plus vives entre l'Iran et les pays Occidentaux et de bonnes statistiques aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a gagné 1,77 dollar par rapport à la veille sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) à 108,84 dollars. Les cours cesseront de grimper quand il n'y aura plus de problème avec l'Iran, a avancé Phil Flynn, de PFG Best Research, soulignant les risques géopolitiques autour du programme nucléaire iranien. Pour que la tendance haussière s'arrête, on a besoin d'une résolution de la question du nucléaire iranien, a abondé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, estimant entre 13 et 16 dollars le renchérissement du baril causé par le différend entre les Occidentaux et Téhéran. Dernier développement dans ce dossier, le chef d'Etat-major de l'armée de l'Air américaine, le général Norton Schwartz, a assuré la veille que les Etats-Unis disposaient de bombes puissantes prêtes à être employées dans le cas d'une action militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Sur le front américain, même si les statistiques de la journée sont ressorties un peu en-deçà des attentes, la progression continue, a noté M. Flynn. Les revenus des ménages américains ont ainsi progressé de 0,3% en janvier, soit un peu plus rapidement que les dépenses de consommation des Américains ce mois-là (0,2%). En outre, les nouvelles inscriptions au chômage ont légèrement reculé lors de la semaine du 19 au 25 février par rapport à la précédente. Le ministère du Travail a ainsi estimé à 351 000 les demandes d'allocations chômage contre 353 000 auparavant. Ces chiffres se situent à un niveau qui est le plus bas depuis environ quatre ans. Cela indique une stabilisation de la nette amélioration de l'économie, ce qui participe à doper les cours du pétrole, a remarqué M. Lipow. L'or noir était également soutenu par la progression de l'activité industrielle en Chine alors que dans l'eurozone, elle a connu un repli léger, mais conforme aux attentes, a noté Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric). L'indice PMI des directeurs d'achat publié par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), une organisation proche du gouvernement, a atteint 51 le mois dernier contre 50,5 en janvier, ce qui signifie que l'activité manufacturière dans le pays accélère son expansion. La flambée des cours de l'or noir inquiète toutefois de plus en plus les opérateurs, a noté M. Lipow: les gens parlent plus fréquemment de réduire leur consommation pour continuer à acheter de l'essence. Le brut en hausse en Europe Les prix du pétrole progressaient à Londres, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché tiraillé entre un bon indicateur en Chine et de bonnes statistiques aux Etats-Unis, mais toujours soutenu par les tensions sur l'Iran. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 123,50 dollars, en hausse de 84 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance prenait 78 cents à 107,85 dollars. Les cours du baril regagnaient du terrain sur un marché extrêmement nerveux, au lendemain d'une séance volatile marquée par les propos jugés encourageants du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke sur la reprise économique aux Etats-Unis. "Au final, les propos de Ben Bernanke ont permis aux prix du pétrole de grimper, reléguant au second plan l'annonce d'une hausse plus forte qu'attendu des réserves de brut dans le pays", observait Peter Bassett, analyste du courtier Westhouse. Avant-hier, le cours du Brent a réussi à conforter sa hausse, "dans un marché où le principal soutien reste le dossier iranien", soulignait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden. "Même s'il y a peu de nouveaux développements, les opérateurs ont l'impression que le risque d'escalade des tensions augmente et que les sanctions internationales ne peuvent que se durcir, ce qui est positif pour les prix du brut", expliquait-il. Le chef d'Etat-major de l'armée de l'Air américaine, le général Norton Schwartz, a assuré la veille que les Etats-Unis disposaient de bombes puissantes prêtes à être employées dans le cas d'une action militaire contre les installations nucléaires iraniennes. De son côté, Téhéran menace d'interrompre immédiatement ses livraisons d'or noir à l'Europe, bien avant la mise en place en juillet de l'embargo de l'Union européenne (UE) décidé en janvier, contribuant à exacerber les inquiétudes sur l'offre mondiale de brut. "Tant que les tensions géopolitiques et des indicateurs macroéconomiques encourageants persistent, le pétrole restera un actif recherché, et les investisseurs peuvent profiter de la correction de début de semaine pour réaliser des achats à bon compte", estimait M. Pollard. Sur le front de la demande, un indicateur montrant une progression de l'activité manufacturière en Chine, rassurant quelque peu sur la consommation énergétique du géant asiatique, a contribué à doper le marché en début d'échanges européens. Le marché a ensuite conforté ses gains après une salve d'indicateurs américains positifs, parmi lesquels une progression des revenus des ménages et un léger recul des inscriptions au chômage. Les opérateurs digéraient cependant des statistiques plus contrastées, faisant état d'un ralentissement de l'industrie manufacturière aux Etats-Unis en février, et d'une baisse des dépenses de construction dans le pays en janvier.