La Banque centrale brésilienne a annoncé cette semaine avoir abaissé son taux directeur de trois quarts de point, à 9,75%, un assouplissement prévu par les analystes, en raison du ralentissement de la croissance de la sixième économie mondiale. Il s'agit de la cinquième baisse de taux d'intérêt décidée par la Banque centrale du Brésil depuis l'été dernier. Dans un bref communiqué, le comité de politique monétaire a indiqué que ce geste s'inscrivait "dans le cadre du processus d'ajustement des conditions monétaires" entamé par l'institution. Cette ample baisse de 0,75 point de pourcentage n'a pas surpris après la publication, décevante, de la croissance annuelle du Brésil, laquelle a ralenti à 2,7% en 2011 en raison de la crise mondiale - un chiffre légèrement en retrait par rapport aux 3% prévus par le gouvernement. La décision de la Banque centrale n'a pas été prise à l'unanimité, dans la mesure où deux des sept membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur d'une réduction du taux de 0,5 point. Les analystes redoutent que l'abaissement des taux n'attise l'inflation qui a terminé l'année 2011 à 6,5%. Avant l'annonce de la Banque centrale, les économistes de Gradual Investimentos avaient ainsi jugé "téméraire" toute réduction allant au-delà de 0,5 point de pourcentage. La baisse des taux d'intérêt vise à stimuler la croissance et à freiner l'afflux de capitaux étrangers, attirés par des taux d'intérêt qui figurent parmi les plus élevés du monde. Ce contexte alimente la hausse du real face au dollar et entraîne une perte de compétitivité de l'industrie brésilienne. "Le gouvernement se montre préoccupé par l'avalanche de devises qui entrent au Brésil et cherche à stimuler la croissance économique cette année, mais c'est une politique à courte vue", a commenté l'économiste Roberto Troster. Pour lui, "le gouvernement devrait faire preuve de plus de patience vis-à-vis des taux et viser une croissance économique plus robuste pour les 10 prochaines années". Fin août, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale du Brésil avait surpris les marchés en réduisant d'un demi-point à 12% son taux directeur, interrompant un cycle de hausses. Il a continué à le réduire au cours des mois suivants en dépit de l'inflation. Les centrales syndicales exigeaient une baisse des taux d'intérêt, jugeant qu'ils étranglent l'économie et portent préjudice à l'emploi. Les industriels réclamaient également depuis longtemps une nouvelle baisse des taux, lesquels pèsent sur les investissements et favorisent l'entrée de capitaux de court terme. En 2010, le Brésil avait enregistré une forte croissance du PIB, de +7,5%.