Le bras de fer s'intensifie entre Swatch Group et Tiffany & Co après l'arrêt de leur collaboration. Au géant horloger biennois qui réclame 3,8 milliards de francs de dommages et intérêts, le joaillier américain réplique en exigeant 541,9 millions. Swatch Group s'oppose intégralement à cette revendication qui est sans fondement factuel ni juridique, a-t-il rétorqué dans un communiqué diffusé, hier. Il souligne avoir, de son côté, investi des millions dans ce projet que Tiffany a selon lui saboté. L'entreprise biennoise a engagé fin décembre des poursuites avec demande de compensation. Elle précise que le montant qu'elle réclame comprend notamment la perte de profits pour la période de contrat convenue, et qu'il a même été calculé prudemment. Le contrat de collaboration à long terme avait été signé fin 2007. Puis Swatch Group avait fondé au printemps 2008 la société Tiffany Watch, lui appartenant en totalité, pour développer, produire et distribuer les montres de la marque "Tiffany & Co". Violation des relations contractuelles La première ligne de montres fabriquées par le géant horloger et frappées du sigle Tiffany avait été lancée en 2009. Leur vente était assurée par un réseau de magasins exploités par les deux groupes, ainsi que des détaillants indépendants. Certains analystes évaluaient le chiffre d'affaires de Tiffany Watch à quelque 30 millions de francs en 2010, soit 0,5% des ventes totales de Swatch Group. Ils y voyaient un potentiel de plusieurs centaines de millions. Tiffany avait autrefois qualifié l'accord d'historique. Swatch Group y fondait aussi de grands espoirs. La responsabilité opérationnelle de Tiffany Watch était assurée par Nayla Hayek, actuelle présidente du conseil d'administration de Swatch Group. Mais le groupe biennois a constaté chez le new yorkais un comportement "systématique" empêchant et retardant le développement des affaires. Il a décidé en septembre de cesser la coopération, pour violation grave des relations contractuelles.