Les cours du pétrole étaient en baisse, hier matin, en Asie, dans un marché inquiet sur un ralentissement de la croissance chinoise après l'annonce du plus important déficit commercial depuis dix ans, selon les analystes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril cédait 52 cents, à 106,88 USD, dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance lâchait 55 cents à 125,43 USD. "Il y a un repli sur le pétrole, en grande partie motivé par l'énorme déficit commercial chinois en février et les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance en Chine", a déclaré Victor Shum, du cabinet de consultants Purvin and Gertz à Singapour. La Chine a annoncé samedi avoir enregistré en février son plus important déficit commercial en plus d'une décennie, de 31,48 milliards de dollars, à cause d'un bond des importations. Ce déficit s'ajoute à d'autres indicateurs économiques publiés qui traduisent un ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale, plus grosse consommatrice d'énergies au monde. La hausse de la production industrielle est ainsi tombée à son plus faible niveau depuis juillet 2009. Mais ces chiffres sur le déficit commercial ont fait oublier "des chiffres plus positifs, qui montrent que la demande de pétrole en Chine reste très forte", a souligné Victor Shum. Les importations de pétrole ont atteint le mois dernier le volume record de 23,64 millions de tonnes, pour un montant de 19,47 milliards de dollars. Le brut baisse en Europe, pénalisé par un renforcement du dollar Les cours du pétrole reculaient, hier, en cours d'échanges européens, reprenant leur souffle après avoir progressé la semaine dernière, dans un marché pénalisé par un renforcement du dollar depuis, vendredi, et toujours prudent face à la situation en Iran. A la mi-séance, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 124,74 dollars, en recul de 1,24 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,06 dollar à 106,34 dollars. "En ce début de semaine, les prix du pétrole reculent à l'unisson des autres matières premières", observaient les analystes de Commerzbank, et "la principale raison de ce repli est un renforcement du dollar". La diffusion, vendredi, de chiffres meilleurs qu'attendu sur le marché du travail aux Etats-Unis a "atténué les espoirs de nouvelles injections de liquidités dans l'économie américaine, ce qui a eu un effet positif sur le dollar mais négatif sur les prix des matières premières", notait Commerzbank. En effet, le renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme l'or noir, pour les investisseurs munis d'autres devises. Ce rapport alimentait tout de même un regain d'espoir sur les perspectives "d'une demande plus importante de pétrole aux Etats-Unis, le plus gros consommateur au monde, ce qui devrait limiter le repli des cours du brut", tempéraient les analystes de Commerzbank. De plus, des inquiétudes toujours élevées sur l'offre de brut permettaient aux prix du pétrole de limiter leur repli. Alors que le différend entre les pays occidentaux et l'Iran sur le programme nucléaire du pays pourrait déboucher sur une forte réduction de l'offre de pétrole iranien, "la capacité d'amortissement (du reste des pays producteurs de la région, ndlr) est très fine", soulignait David Hufton, analyste chez PVM. Les pays du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) envisagent une reprise des pourparlers, gelés depuis plus d'un an, sur le programme nucléaire iranien, alors que les pays occidentaux ont imposé de nombreuses sanctions à l'Iran pour tenter de pousser le pays à renoncer à son programme nucléaire, qui cache selon eux un volet militaire, ce que Téhéran dément. Pour David Hufton, ces incertitudes sur l'offre poussent les consommateurs de brut à faire des réserves de craintes de voir le cours de l'or noir monté en flèche en cas d'arrêt des exportations iraniennes, ce qui soutient la demande et les prix du barils. La Chine notamment semble d'ailleurs procéder à ce type d'achats, "s'écartant d'une politique habituellement sensible aux prix" du baril, comme pouvaient le prouver les chiffres élevés des importations de pétrole du pays depuis le début de l'année, observait M. Hufton. Selon des chiffres diffusés samedi, les importations chinoises de pétrole ont atteint en février le volume record de 23,64 millions de tonnes, pour un montant de 19,47 milliards de dollars.