Le président sortant Nicolas Sarkozy passe pour la toute première fois devant son adversaire, le socialiste François Hollande, dans les intentions de vote au 1er tour de scrutin, selon un sondage paru, hier. Le président sortant, donné invariablement 2e depuis plusieurs mois, est crédité de 28,5% des intentions de vote, contre 27% pour François Hollande, selon un sondage Ifop fiducial effectué pour plusieurs médias. En revanche, le candidat socialiste est toujours donné largement gagnant au 2e tour devant le président sortant, à 54,5% contre 45,5%. C'est un tournant, mais un tournant nuancé puisqu'il marque la fin de ce qui était une exception sous la Ve République, à savoir un président sortant devancer au premier tour, a commenté Frédéric Dabi (Ifop). C'est un peu un retour à la normale. Même si les spécialistes de l'opinion assurent généralement qu'un événement ne se traduit pas dans les sondages avant une semaine, M. Dabi a vu dans cette enquête un effet des annonces de M. Sarkozy ces derniers jours d'une émission télévisée et d'un meeting dimanche devant plusieurs dizaines de milliers de sympathisants et militants. Entré en campagne le 15 février, le président-candidat Nicolas Sarkozy avait livré la semaine dernière un mea culpa remarqué sur les écarts qui ont plombé sa popularité. Il avait également dévoilé une série de propositions, notamment la création d'un impôt sur les bénéfices des grands groupes et la réduction par deux du nombre d'immigrés autorisés à entrer chaque année en France. Il a également menacé de retirer la France de l'espace Schengen si les accords de libre circulation ne sont pas révisés pour lutter plus efficacement contre l'immigration clandestine. Toujours dans le domaine européen, le président a prôné un protectionnisme de nature à favoriser les entreprises produisant en Europe. Il marque la réussite, pour l'instant, de la stratégie de droitisation et d'assèchement de l'électorat du Front national suivie par Nicolas Sarkozy, a-t-il jugé, soulignant que jamais Marine Le Pen n'a été aussi basse dans notre sondage. Leader du principal parti d'extrême droite, Marine Le Pen, arrive en 3e position, à 16% devant le centriste François Bayrou (13%) et Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, avec 10%. Porte-parole et proche de François Hollande, Manuel Valls, a estimé que rien n'est fait face à un Nicolas Sarkozy prêt à tout pour escamoter son bilan, prendre des catégories de Français comme boucs émissaires et fuir ses responsabilités. Pour que François Hollande l'emporte, qu'il rassemble les Français au deuxième tour, il faut qu'il soit le plus haut possible au premier, a poursuivi M. Valls. Le seul qui puisse battre Nicolas Sarkozy, c'est François Hollande. Donc il faut qu'il soit en tête le plus largement possible au premier tour pour créer la dynamique et le rassemblement.