Nous parlions d'une entrée dans le libéralisme brutalement avec une économie déphasée dans un contexte d'amincissement drastique des marges de manœuvre financières. Nous parlions d'une entrée dans un multipartisme non balisé avec des projets incompatibles entre eux, si incompatibles qu'il est devenu difficile que les alternances puissent se faire sans douleur et sans remise en cause des grandes politiques de l'Etat. Nous parlions d'une entrée dans ce qu'on a appelé la violence avec des moyens de sécurité conçus pour d'autres scénarios, la situation qui s'était présentée étant en totale rupture avec ce qui a été vécu traditionnellement durant les décennies précédentes, où toutes les variables étaient maîtrisables. Nous disions que sur le plan intérieur, le transfert des clivages qui existaient au sein de la classe politique vers les populations invitées à s'aligner sur des courants politiques qui se refusaient mutuellement le droit à l'existence avait produit les conditions d'une guerre civile par suite de la déchirure progressive du tissu social sans que n'émerge un pôle politique de puissance capable de tempérer les facteurs de tension . Où en sommes-nous, aujourd'hui, sur ces trois plans? Sur le plan de l'économie, nous redoutons encore l'entrée à l'OMC, le démantèlement tarifaire qui se traduira par le démantèlement de l'économie. Nombre d'intervenants, d'acteurs intègrent dans leurs discours les miracles de programmes de mise à niveau de notre économie. Des miracles qui nous feraient rattraper les retards accumulés. Pourquoi nous ne parlons plus des programmes de mise à niveau ? Ceux qui les avaient initiés n'en parlent plus et ceux qui les avaient subis n'en parlent pas non plus. Et pourtant, il faudrait bien procéder à un premier bilan pour les approfondir ou les faire cesser. Qu'est-ce qu'il y a à perdre pour faire les premiers bilans ?