Les grands dossiers de la corruption ont fait scandale en Algérie et les investigations sécuritaires entamées en cascade, se sont poursuivies pendant plusieurs mois dont les conclusions des enquêtes ont été remises à la justice. Le citoyen algérien est en droit de savoir et connaître les tenants et les aboutissants des ces affaires. Quand à la presse en tant que média, se retrouve devant un mutisme et pour seule information : les enquêtes judiciaires sont en cours, le citoyen peux imaginer aussi comment des affaires à l‘image de la C.N.C et ses 2 400 licences d'importation et surtout l'affaire des 26 milliards que l'ancien chef du gouvernement Abdelhamid Brahimi avait reconnu et déclaré. L'ex-premier ministre se trouve actuellement en Grande Bretagne et le citoyen ne sait toujours rien des affaires. Aujourd'hui, encore l'affaire Sonatrach, le dossier de l'auto-route Est-Ouest, l'assassinat d'Ali Tounsi, le dossier du port d'Arzew…l'affaire Khalifa, les dossiers des milliards non remboursés aux banques etc. etc. Des dossiers qui sont entre les mains de la justice. Pour répondre à toutes ces questions, on s'est approché d'un grand magistrat très bien placé à Alger, un magistrat des grands dossiers dit-on, qui s'est exprimé, dont nous publions des extraits que nous avons jugé utiles pour éclairer le lecteur. Q / Monsieur le magistrat, de grands dossiers de corruption sont entre les mains de la justice, que deviennent-ils ? R/ Exact ! Ces affaires sont entre nos mains, nous avons déjà renforcé les cabinets d'instruction en y affectant d'autres juges…Les choses ne sont pas si simples. Entre la conclusion péremptoire de la rue et la vérité, il y a une distance que le juge remplit par des tâches d'analyse, d'expertise, par des auditions, des témoignages, des enquêtes complémentaires des services de sécurité, de la douane, par des commissions rogatoires, etc. Tout le travail, patient et méticuleux, qu'un homme de loi soucieux de découvrir des éléments concrets et matériels sur lesquels il fonde sa conviction, doit être accompli sans céder à aucun opportunisme politique, de quelque sorte que ce soit. Nous sommes déterminés à mener les investigations avec la plus extrême rigueur mais, soulignons-le encore une fois – sans nous laisser distraire de notre sérénité par tel ou tel tintamarre. Notre mission de justice est incompatible avec la démagogie. La justice est souvent gênée par le conditionnement de l'opinion par les médias. A côté de véritables dossiers de corruption basés sur des éléments irréfutables, il y a aussi pas mal de coquilles vides. Dans la situation qui prévaut actuellement, toute correction légitime pour ramener certaines choses à leur juste proportion, du fait même de l'immense battage médiatique-encourrait, immanquablement, l'accusation ‘' d'étouffement ». Les Algériens, dans leur immense majorité, sont des gens de bon sens et de mesure, ils ne pardonneraient jamais à une justice qui se laisserait porter par le mercure du thermomètre. Vous me permettrez, avant de conclure le paragraphe qui vient d'être évoqué, dans toutes ces affaires, il y a lieu de souligner le travail remarquable des services de sécurité. Le travail accompli par les éléments de la sécurité, pour protéger l'économie nationale et la sécurité publique est immense. Leurs différents succès, à tous les niveaux du large éventail de leurs interventions ne sont pas le fait du hasard. Le choix des hommes, selon les critères du Patriotisme, du courage et de la compétence, a fait de cette structure militaire un corps d'élite dont les Algériens peuvent être légitimement fiers. Question : Le Président, avait toujours appelé les magistrats à resserrer leurs rangs autour de certains concepts. Celui d'intégrité avait été très fortement souligné. Où en êtes-vous aujourd'hui ? R / J'aime que l'on aille droit au but et j'ai horreur des périphrases. Votre question, ramenée à sa simple expression, est la suivante : « Y a-t-il des brebis galeuses parmi vous ? » Il y a un instant, nous parlions d'indépendance du magistrat par rapport aux hommes politiques, celle-là est la plus facile à acquérir. Il y a l'autre indépendance la plus méritoire, celle qui concerne le juge lui-même : garder l'esprit malgré les difficultés de la vie quotidienne, les pressions, le contrecoup des professions de foi, parfois partisanes (qui peuvent susciter des préjugés), que ce qu'il décide à un effet immédiat, parfois terrible et tragique sur les biens des citoyens, sur leur liberté et sur leur vie. Aucun esprit de corporatisme étroit, ne me fera dire que l'affaire est gagnée, que tout le monde est gentil. Au contraire, par tous les moyens possibles, le grand corps de la magistrature doit lutter en permanence pour faire des éléments qui le composent des « Incorruptibles, chargés par le peuple algérien de faire de la justice de ce pays, une justice juste et crédible ».. Question : Quelle sont les rapports presse-magistrats. Que pensez-vous des poursuites des journalistes ? R/ Le reflet de la maturité d'un pays apparaît dans les écrits de ses lettrés. Le journaliste est d'abord un intellectuel. L'intellectuel n'est rien sans son engagement dans les batailles de son époque. Dans un passé, un nuage est venu assombrir les relations de courtoisie qui existaient entre le monde de la magistrature et celui de la presse. Alors que nous assistions avec fierté à la naissance d'une presse libre, dynamique, exubérante même et que nous nous disions voilà les véritables auxiliaires de l'homme de loi dans sa traque perpétuelle des excroissances malignes, des infirmités sociales que sont les pillages des biens de la communauté ainsi que toutes les autres formes de corruption, un nuage, brusquement, est venu jeter une ombre menaçante sur des relations que nous souhaitons exemplaires. La sagesse a fini par prévaloir. Avant de clore ce chapitre, permettez-moi de lancer à travers vous ; un appel aux hommes de la presse ; nos portes sont ouvertes, nous sommes à votre disposition pour vous informer ou vous donner les explications que vous désirez. Plus que jamais nous sommes convaincus que le journaliste est la sentinelle avancée de la liberté : n'eut été qu'à ce titre, il a droit à notre considération et notre aide. L'automne prochain serait au rendez vous de plusieurs procès concernant la corruption, ainsi que l'affaire Khalifa qui a trop traîné, Au moment où le citoyen a commencé à se douter d'un éventuel procès ‘'Khalifa'' et même une certaine rumeur et propagande maffieuse, qui prétendait que certains'' influents de la politique et de l'armée, entravaient l'extradition de l'accusé, rien de tel, nous explique un des magistrats chargés du dossier ‘' Kh'', les procédures demandent beaucoup de temps, mais le procès aura lieu, peut être avant la fin de l'année. Dans les pays européens, nous explique le magistrat, des procès peuvent durer entre cinq et dix ans et parfois plus !