Il se trouve que l'Algérie, malgré elle, malgré ses efforts, n'a pas pu faire une transition rapide et réussie à l'économie de marché, et s'est retrouvée à financer l'économie de marché par la dépense publique, alors qu'il était attendu que se produise le contraire, c'est-à-dire que l'économie de marché produise les moyens de son autofinancement et du financement du développement. Encore, estimons-nous heureux que l'économie de marché, la nôtre, ne soit pas financée par l'endettement étatique. De ce fait, notre économie n'a pu emprunter, totalement, la voie du libéralisme, ni celle du socialisme. Comment alors qualifier cette voie qui ne correspond à aucune doctrine, et quelle voie poursuivre maintenant ? Le Premier ministre pense que la crise financière internationale a réhabilité le rôle de l'Etat. Faudrait-il s'attendre à ce qu'il y ait à l'avenir plus d'Etat, tout Etat ? Il était question qu'en entrant dans l'économie de marché, nous entrions dans une situation où le capitalisme devait avoir le monopole sur l'économie, et où il devait être mis fin à la collaboration entre l'Etat, le capital et le travail. Faudrait-il s'attendre de plus en plus à ce que va commencer à se tarir la source de nos financements en devises et que cela risquerait de durer ? Il faudrait de toute façon agir comme si le risque est grands que s'amenuisent nos rentrées en devises, dans un contexte où nous dépendons encore de la seule ressource provenant de la vente des hydrocarbures. Notre attention va se centrer sur les entreprises publiques, celles qui ont échappé aux dissolutions et aux privatisations. Aujourd'hui, il y a une évidence, incontestable et incontestée. Il ne faudrait plus compter sur les IDE, car quand bien même qu'on pourrait dire qu'il en vient, il n'en vient pas selon nos besoins. Il ne faudrait pas non plus compter sur les privatisations pour avoir à la fois une entrée d'argent frais, et un apport de technologie. On dit qu'il va y avoir une nouvelle stratégie industrielle. Une stratégie qui aurait dû être mise en œuvre au plus fort moment des rentrées en devises, pour avoir les moyens financiers requis, puisqu'il n'y avait pas eu un flux des investissements étrangers. Une voie intermédiaire nous est imposée par la nécessité compte tenu que nous ne sommes pas encore, et pour longtemps, dans une véritable économie de marché. Il ne s'agit pas d'une remise en cause de l'économie de marché, mais certainement d'un différé pour un horizon temporel inconnu. Une pause alors dans la poursuite des réformes qui fera récupérer par l'Etat des attributions qu'il allait perdre, par rapport à l'époque des investissements à caractère public ? Le champ économique n'est pas " idéologisé ", et de ce fait n'est pas traversé par un clivage "capitalisme, socialisme". Ce genre de clivage ne structure pas les discours des politiques, ni même des économistes. Il n'y a pas d'un côté des socialistes et de l'autre des capitalistes. Ni dans le champ politique, ni dans le champ économique. Ainsi, il ne se présente pas d'obstacle pour l'emprunt des voies intermédiaires, et ce, aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. Seulement, ces voies intermédiaires ne sont pas balisées car nouvelles, et quand elles ne sont pas balisées elles peuvent ouvrir des voies aux dérapages, aux tâtonnements, aux aventures, aux incertitudes, mais elles constituent quand même une voie à adapter aux mutations spécifiques. Qui peut oser affirmer qu'il faudrait scrupuleusement calquer les modèles des pays occidentaux ?